AtmoTrack est le leader français de la mesure en temps réel des données hyperlocales de la qualité de l’air. Son réseau de capteurs fixes et mobiles connectés à ses outils numériques aide les gouvernements, les collectivités et les entreprises à prendre les meilleures décisions pour protéger l’environnement et la santé des citoyens.
Valentin Gauffre, cofondateur de la structure, revient sur les tenants et les aboutissants de cette aventure au fort accent de transition écologique.
Cityramag : Valentin, pouvez-vous évoquer s’il vous plaît la genèse du projet AtmoTrack.
Valentin Gauffre : On a créé l’entreprise à Nantes en 2015 avec Romain Scimia, mon associé et cofondateur. J’habitais en Chine et notre projet est né de ce besoin de savoir ce qu’on respirait étant donné qu’à Shanghai la qualité de l’air est un sujet plutôt vital. On s’est rendu compte avec Romain, qui étudiait de son côté à Bordeaux, que cette problématique concernait finalement tout le monde et pas seulement la Chine. Et pour cause, en 2014/2015, les premières unes de journaux « Airpocalypse » faisaient en effet leur apparition.
« Multiplier et rendre accessible les points de mesure de la qualité de l’air »
Nous avons donc souhaité multiplier et rendre accessible les points de mesure de la qualité de l’air pour être plus proches des gens, plutôt que de se baser uniquement sur les grosses stations spécialisées en la matière. Cette problématique touchait notamment beaucoup les collectivités et les pouvoirs publics. Ces derniers avaient des idées sur la qualité de l’air sans avoir forcément des connaissances claires sur cette épineuse équation de la pollution et d’où elle vient. Quant à la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), celle-ci est intervenue un peu plus tard dans notre activité.
Nous avons commencé à développer nos premiers prototypes de boîtiers intelligents conçus pour des environnements sous contraintes et mesurant la qualité de l’air en mobilité sur des véhicules, comme en position fixe extérieure et intérieure. Totalement « Made in France », la chaîne de production est située en Pays-de-Loire. En 2016, nous avons également reçu le label « Green Tech Innovation » dépendant du ministère de l’Environnement et de l’ADEME. Cette distinction nous a permis de basculer définitivement sur AtmoTrack puisque jusque-là nous nous étions focus sur la partie recherche et le développement.
« Nous mesurons quasiment tous les gaz qui prospèrent en ville »
Cityramag : Pouvez-vous à présent évoquer votre solution.
V. G : Notre leitmotiv est de réduire l’impact de la pollution sur l’environnement et les citoyens en travaillant main dans la main avec la sphère public-privé. Concrètement, par l’intermédiaire de notre solution clé en main, nous recueillons les données de la qualité de l’air (mais aussi de température et de nuisances sonores) sur tout type de territoire, les traitons et les retranscrivons. Nous utilisons une gamme inédite et complète de technologies de mesures, dont les particules fines, le dioxyde d’azote et l’ammoniac. Techniquement, nous mesurons quasiment tous les gaz qui prospèrent en ville. Sachant que nous prenons en compte tous les paramètres présents dans les recommandations de l’OMS et de l’Union européenne.
Ces outils fiables et simples d’utilisation permettent ainsi de répondre rapidement à toutes les problématiques de nos clients. Nous procédons à des mesures fiables et hyperlocales – via un système de détection multi-polluants pour un déploiement optimisé d’usage fixe et mobile – permettant précision spatiale et temporelle ainsi qu’une maintenance réduite. Et cela, avec un impact budgétaire et environnemental contrôlé.
Dès lors, nos clients peuvent se concentrer sur la véritable valeur ajoutée de leur métier. Ils n’ont plus besoin de savoir comment réaliser leurs mesures sur le terrain, les traiter ou encore les communiquer auprès du grand public. Ceux-ci ont effet accès à l’intégralité des données de notre réseau sur un territoire donné, à la visualisation des indicateurs clés de l’état de leur ville en adéquation avec leurs besoins. Mais aussi au croisement des données de qualité de l’air avec leurs flux métiers et à une cartographie qui va affiner les sources et les impacts de la pollution sur le territoire.
« Les petites collectivités constituent notre coeur de métier »
Il est important de noter que les collectivités importantes bénéficient d’un accompagnement par des experts, ce qui n’est pas le cas des petites collectivités qui constituent notre coeur de métier. Ces dernières n’ont malheureusement pas accès à des mesures hyper-locales pour identifier les zones d’où proviennent les émissions substantielles de pollution. Il existe bien des calculs et des modélisations au niveau de la France et de l’Europe, mais avec un niveau de précision de mesure maximal de seulement 25 km2… Ce qui est insuffisant pour celles qui sont beaucoup plus modestes. Nous comblons ainsi ce manque avec notre réseau de micro-capteurs situés à la fois sur des points fixes, comme des lampadaires, et des véhicules (appartenant toujours aux clients, ce qui dissocie AtmoTrack du modèle américain, type Google).
Nous travaillons par exemple avec La Poste. Leurs véhicules sont équipés avec nos capteurs, ce qui permet de faire des mesures dans les rues avec un maillage plus important du territoire. C’est le cas également avec des auto-écoles, des coursiers à vélo ou encore des transports publics (bus, tramways). La combinaison des grandes stations de références européennes de mesure et nos points fixes et mobiles engendrent de facto une couverture spatiale significative. Nos clients savent donc exactement où optimiser leurs efforts pour parvenir à parfaire leur feuille de route écologique.
« Quelle que soit la taille de votre ville, voici ce qui se passe chez vous et surtout dans le périmètre de votre action »
Pour la petite histoire, nous avons permis à une petite collectivité de l’Est d’identifier une société qui trichait sur les émissions de cheminée et de demander au Préfet de rappeler à l’ordre cette entreprise, via la fourniture de relevés précis. Dans la même veine, des subventions étatiques existent pour le passage d’une cheminée ouverte, qui produit beaucoup de fumée, vers un foyer fermé. Les capteurs ont permis de montrer que cet investissement avait eu un effet positif et efficace sur le terrain.
C’est aussi le cas dans le cadre d’un projet de piétonisation d’une rue. Nos relevés établissent un suivi de A à Z et permettent de conclure si la piétonisation a permis ou non de réduire la pollution. Parallèlement, les grandes entreprises ont aussi des besoins similaires. Je peux citer le cas des chantiers où l’Etat leur demande de mesurer leur impact sur la qualité de l’air, nous les accompagnons donc aussi.
Finalement, les exemples sont légion. Notre mot d’ordre est clair : « Quelle que soit la taille de votre ville, voici ce qui se passe chez vous et surtout dans le périmètre de votre action. »
Cityramag : Qu’en est-il de votre modèle économique ?
V. G : Nous avons longtemps été perçus comme des vendeurs de capteurs, sauf que dès le départ on s’est dit qu’une bonne façon d’abaisser les coûts pour les collectivités passait par la vente de services de mesure de la qualité de l’air sur le territoire. Notre position première se focalise donc sur la fourniture d’un service aux collectivités et aux entreprises sous forme d’un abonnement annuel avec un accompagnement de A à Z par notre équipe d’experts; Des abonnements d’ailleurs quasiment toujours renouvelés.
« On se renforce énormément sur la partie européenne »
Cityramag : Quelles sont vos perspectives de développement ?
V. G : Aujourd’hui, nous renforçons notre développement à l’international, en priorisant les pays européens. En Europe, on a quand même une bonne idée de ce qu’est une smart city. Les objectifs de qualité de l’air sont ici parfaitement intégrés. A l’étranger, nous accompagnons déjà des collectivités ou des gouvernements dans chaque continent, notamment dans des pays émergents comme le Cameroun et le Rwanda. Ces derniers partent souvent de zéro car ils n’ont pas de réseau national de qualité de l’air. Le déploiement d’un réseau de micro-capteurs a l’avantage de présenter des coûts abordables pour impacter favorablement et durablement la population.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo