Le plan de relance de l’industrie automobile rendu public par Emmanuel Macron prévoit d’accélérer le développement du véhicule électrique grâce à des mesures toujours plus incitatives. Si le déploiement des bornes de recharge publiques sera multiplié par trois d’ici 2021, le succès de l’opération repose également sur l’amélioration de leur interopérabilité…
Bonus écologique revalorisé pour l’acquisition de véhicules électriques ou hybrides rechargeables, augmentation et élargissement de la prime à la conversion, intégration du retrofit… Le plan de soutien à l’industrie automobile, dévoilé le 26 mai dernier par Emmanuel Macron à Étaples (Pas-de-Calais), s’appuie très fortement sur le développement de la mobilité électrique. Le but : relancer un secteur très lourdement impacté par l’épidémie de Covid-19 et les règles de confinement. Alors que les ventes de véhicules neufs se sont effondrées de 80 % ces derniers mois, les mesures annoncées lors du déplacement présidentiel chez l’équipementier Valeo visent clairement à accélérer la transition vers un parc automobile plus propre. Pour cela, le gouvernement a présenté dans la foulée un ambitieux programme de déploiement des bornes de recharge. Car si le développement hautement stratégique, tant sur le plan économique qu’environnemental, de la filière électrique ne se fera pas sans des voitures neuves (ou d’occasion) plus abordables financièrement, il ne s’opérera pas non plus sans la multiplication des infrastructures de recharge, indispensables à l’adoption généralisée du véhicule électrique.
Objectif : 100 000 points de recharge en 2021 !
Pour ce faire, le fonds du programme Advenir piloté par l’Avere France, en charge du développement de la mobilité électrique sur le territoire national, a été multiplié par cinq, passant de 20 à 100 millions d’euros pour la période 2020-2023. Objectif : porter le nombre de bornes de recharge publiques de 30 000 aujourd’hui à 100 000 fin 2021 au lieu de 2022, tel qu’initialement prévu. Dans le même temps, les coûts de raccordement au réseau seront financés à hauteur de 75 % par le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe). Autre axe majeur, l’intensification du réseau de recharge rapide sur autoroute devant porter le maillage des bornes à 150 km maximum entre elles. Un appel à manifestation d’intérêt (Ami) va ainsi être lancé afin d’assurer le déploiement sur les grands axes nationaux financé, lui aussi, à 75 % par le Turpe. En complément, une vaste étude sera menée par la Banque d’investissement des territoires pour accompagner le résidentiel collectif dans l’équipement de recharges à hauteur de 50 % des frais d’équipement.
À travers l’ensemble de ces mesures, l’État envoie un signal fort afin de démocratiser l’usage des véhicules électriques et hybrides rechargeables. « Avec un point de charge pour 10 véhicules, notre pays est bien placé et rejoint le ratio en vigueur en Europe », souligne Joseph Beretta, président de l’Avere France (association pour le développement de la mobilité électrique). La multiplication à venir des bornes, associée aux progrès technologiques en matière d’autonomie, doit constituer un facteur de confiance pour les futurs usagers. « Les véhicules [électriques] ont l’autonomie pour être des premières voitures [et pas seulement des voitures secondaires], mais il faut aux conducteurs la garantie de pouvoir les charger », ajoute Cécile Goubert, déléguée générale de l’Avere France. Reste cependant à assurer l’interopérabilité de ces points de charge, élément incontournable au plein essor de la mobilité électrique.
L’interopérabilité, condition indispensable au décollage du véhicule électrique
Pour être sûr d’avoir assez de « carburant » pour effectuer leurs trajets, la plupart des conducteurs préfèrent encore recharger leur véhicule à leur domicile. Alors afin de garantir une plus grande itinérance pour un plus grand confort d’utilisation, les réseaux de bornes de recharge publiques doivent maintenant être interopérables, plaide l’Avere France. Prévu par un décret de 2017, le concept d’interopérabilité consiste à connecter entre eux les points de charge des réseaux exploités par différents opérateurs. « Il faut améliorer l’interopérabilité, affirme Joseph Beretta. […] Aujourd’hui, une grande majorité des bornes sont interopérables. Il est possible de se recharger avec un paiement à l’acte ou à l’aide d’une appli ou d’une carte accréditive liée à un réseau. Les différents réseaux commencent à être interopérables au niveau européen. Mais il existe encore trop de cartes différentes. » Si la France n’est pas (encore) leader au nombre de bornes de recharge, elle abrite toutefois un champion incontesté de l’interopérabilité en Europe…
En effet, Izivia, filiale d’EDF spécialisée dans la mobilité électrique, permet à ses utilisateurs de recharger leur véhicule sur le plus grand réseau en France et en Europe via un seul Pass et une application. Grâce aux accords signés avec le Groupement pour l’itinérance des recharges électriques de véhicules (Gireve), qui réunit pas moins de 85 réseaux sur le territoire national, le conducteur peut recharger sa voiture sur n’importe quelle borne partenaire en France ou à l’étranger, avec son opérateur pour un seul interlocuteur. Au total, cela représente plus de 100 000 points de charge accessibles avec ou sans abonnement. Le plan d’action gouvernemental résonne donc comme une très bonne nouvelle pour les acteurs de la filière. « Toutes ces mesures vont faciliter ce qu’il y a dans la loi orientation des mobilités (LOM) et l’accélérer ! », salue Cécile Goubert, d’Avere France. Et en redemande déjà un peu plus… « On aurait bien aimé avoir un coup de pouce pour aider les territoires à moderniser leurs vieilles bornes. »