Les quartiers prioritaires vont devoir se contenter de peu l’année prochaine. Dans le projet de loi de finances 2025, le gouvernement prévoit de diminuer le budget pour la politique de la Ville. Il réduira de 14 % les crédits alloués à ce programme. De quoi décevoir les élus locaux.
Le samedi 26 octobre, les députés n’ont pas pu finir à temps l’examen de tous les amendements relatifs aux recettes dans le projet de loi de finances (PLF). Au terme de la dernière séance de la semaine, il restait encore à étudier 1 508 amendements sur les 3 500 introduits, et cela malgré le retrait de centaines d’entre eux. En cause, des débats houleux et interminables.
Débats houleux sur le budget 2025
Le temps imparti étant épuisé, les travaux sont interrompus. Ils reprendront le 5 novembre, après l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ce dernier projet est débattu en séance à partir de ce lundi 28 octobre. Lui aussi devrait enregistrer des échanges houleux entre les différents blocs politiques, qui éplucheront plus de 2 200 amendements.
Comme pour le PLFSS, le temps presse pour le PLF 2025. La seconde partie du texte budgétaire, le volet sur les dépenses, doit passer en séance publique à partir de la semaine du 4 novembre. Si les députés ne se prononcent pas sur les deux parties du budget avant le 21 novembre, le gouvernement aura le droit de les envoyer directement au Sénat grâce à l’article 47 de la Constitution. Il pourrait aussi dégainer le 49.3 pour mettre fin au débat.
Le PLFSS porte un coup dur aux quartiers prioritaires
Dans le budget 2025, Bercy vise 60 milliards d’euros d’économies, dont 40 milliards de réduction des dépenses et 20 milliards de hausses d’impôts. Objectif : ramener le déficit à 5% du PIB. La réduction des dépenses passera notamment par des coupes drastiques dans le filet de sécurité sociale déjà mal en point de la France. Les quartiers prioritaires, en particulier, vont devoir se serrer la ceinture. En effet, l’exécutif prévoit une baisse de 14 % des crédits alloués à la politique de la Ville. Le budget passera donc de 639,5 à 549,5 millions d’euros (- 90 millions d’euros environ).
Il est aussi prévu un rabotage de proportion similaire sur les crédits aux collectivités locales, qui s’établiraient désormais entre 8,5 et 9 milliards d’euros pour 2025. Pour les villes les plus pauvres, qui vivent la précarité au quotidien, ces réductions sont un coup de massue. Dans un billet sur Mediapart, Philipe Laurent, vice-président de l’Association des maires de France (AMF), a dénoncé un mépris des vies de ces « personnes qui, littéralement, ne mangent pas à leur faim ».
Un mépris de la présidence Macron pour les quartiers prioritaires ?
En plus de la précarité alimentaire qui s’aggrave, il y a des questions de logement, d’accès aux soins ou encore d’éducation, rappelle le maire de Sceaux (Hauts-de-Seine). Pour les élus, l’annonce des baisses de crédits ne surprend guère. Elle s’inscrirait dans la droite ligne de la politique d’Emmanuel Macron depuis son premier mandat. Le président de la République aurait toujours négligé les quartiers populaires, malgré des initiatives comme le plan Marseille en Grand.
Pis, Emmanuel Macron aurait la même opinion des quartiers prioritaires que certains Français, qui les assimilent à des nids de délinquants. Aussi, on pense que le chef de l’Etat en fait trop pour une population suspectée de se complaire dans l’assistanat, tout en détestant la France. Le maire de Grigny, Philippe Rio, note d’ailleurs qu’il n’y a pas de ministère de la Ville dans le gouvernement de Barnier. Ce portefeuille a intégré le ministère du Logement et de la Rénovation urbaine, géré par Valérie Létard. Un choix qui en dit long…