Les énergies renouvelables ne sont pas seulement bénéfiques pour lutter contre le réchauffement climatique. Génératrices de retombées économiques et d’emplois, elles créent de la richesse pour les collectivités et les citoyens.
Alors que les premières conséquences visibles du réchauffement de la planète se manifestent – en particulier dans les régions polaires – la nécessité de généraliser la production d’énergies renouvelables fait désormais la quasi-unanimité à travers le monde. La production et la consommation d’énergies fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz engendrent en effet près de 80 % des émissions mondiales de CO2 et près des deux tiers de celles des gaz à effet de serre. Dès lors, les énergies renouvelables, inépuisables et décarbonées, représentent une alternative de choix pour verdir le mix énergétique. D’autant plus qu’elles sont porteuses d’opportunités économiques et sociales pour les territoires qui les accueillent.
Une source de revenus pour les territoires
En valorisant les ressources locales comme le soleil, le vent, les cours d’eau, la biomasse ou encore la géothermie, la production d’énergies renouvelables permet aux collectivités (ville, intercommunalité, département et région) de bénéficier d’une partie de la valeur créée sur place. Cette valeur est d’une part liée aux activités d’étude, de construction et d’exploitation qui génèrent des revenus et créent des emplois, y compris indirectement (activité de restauration, achats locaux…). L’implantation d’un projet éolien génère en effet un surcroît d’activité localement, et fait intervenir des entreprises de proximité pour le terrassement, la fourniture de béton ou encore le raccordement au réseau public. Ce à quoi s’ajoutent d’autre part des retombées financières telles que les loyers, les redevances et la fiscalité. « Avec l’éolien, la collectivité perçoit des revenus à plusieurs niveaux » explique Julien Suillerot, directeur des projets éoliens pour RES Group en France. Selon lui, un bloc communal (commune et intercommunalité) percevrait chaque année en moyenne 7 000 euros du centre des impôts départemental par MW installé sur son territoire. L’implantation d’un parc de 5 éoliennes de 2 MW génèrerait en moyenne 200 000 euros de ressources fiscales par an, dont 68,3 % reviennent aux communes, 28,2 % au département et 3,5 % à la Région. Autre source de revenus pour les collectivités : la location de terrain, qui génèrerait 2 000 à 3 000 euros par MW et par an.
Besoin en compétences
L’effet sur l’emploi est une autre externalité positive liée au déploiement de technologies d’énergies renouvelables : « Les effets induits par la présence de parcs éoliens sur un territoire concernent également le développement de compétences spécifiques localement, ce qui constitue une richesse en soit et favorise la présence de travailleurs qualifiés à meilleur pouvoir d’achat. » souligne Julien Suillerot. D’après l’étude « marchés et emplois » de l’ADEME, l’installation d’un parc éolien génèrerait directement 8 510 équivalents temps plein (ETP) pendant la phase d’étude, de fabrication des équipements et d’installation, soit 11 ETP par MW installé ; et 1 990 ETP en phase d’exploitation, soit 0,3 ETP par MW installés en cumulé.
Le photovoltaïque n’est pas en reste et contribue aussi à dynamiser le bassin d’emploi au niveau local : 18 580 ETP seraient ainsi générés de l’étude à l’installation (soit 21 ETP par MW installé) ; tandis que la phase d’exploitation et de maintenance génèrerait 1 653 ETP (0,5 EPT par MW installés en cumulé). Tout comme l’éolien, la filière photovoltaïque génère des revenus. La création d’un parc solaire qui sécuriserait un tarif de 55 euros/MWh reversera pendant toute sa durée de vie entre 10 et 15 euros/MWh en taxes locales et en impôts sur les sociétés, ce qui représente 20 % environ du tarif proposé lors de l’appel d’offres. Au total, entre 45 et 55 % de la valeur d’un projet photovoltaïque reviendrait à l’économie locale du début du projet à la fin de l’exploitation, soit sur une période de 25 ans environ. Les collectivités qui optent pour l’autoconsommation, bénéficient également d’avantages supplémentaires. Produire et consommer l’énergie localement est synonyme d’économies sur la facture d’électricité et même de bénéfices en cas de revente du surplus d’électricité produit. La baisse progressive du coût des équipements devrait inciter toujours plus de collectivités à s’y intéresser de plus près.
Bien-être et services aux habitants
Les élus sont de plus en plus nombreux à miser sur les énergies renouvelables au service du développement leur territoire. Fruges, dans les Hauts-de-France, a été le premier canton à accueillir un parc éolien en France en 2007. Près de 40 emplois directs et 70 emplois indirects ont été créés suite à l’installation des 70 éoliennes composant le parc. Le projet a apporté de nombreux bénéfices aux habitants, comme l’explique Jean-Jacques Hilmoine, président de la communauté de communes : « Le projet était d’apporter du bien-être et des services aux habitants. Grâce aux taxes liées à l’exploitation des éoliennes, nous avons construit une crèche, une salle polyvalente intergénérationnelle, une maison des jeunes, un centre pluridisciplinaire de santé ».
Plus récemment, EDF Renouvelables a inauguré deux parcs de 5 éoliennes chacun sur les territoires des communes de Guilleville, Fresnay-l’Evêque, Trancrainville et Ymonville, en Eure-et-Loir. L’énergie produite cumulée atteindra 35,7 MW, soit la consommation électrique annuelle de 38 000 habitants (hors chauffage), selon l’exploitant. Alors que ces parcs permettront la création de sept emplois pour la maintenance des mats, il occasionnera aussi 11 000 euros de retombées fiscales par MW.
Plus au sud, c’est sur le territoire de la communauté de communes Coteaux et Landes de Gascogne, dans le Lot-et-Garonne, qu’un groupement d’opérateurs planche sur la construction d’un immense parc solaire de 2 000 hectares. Pour Raymond Girardi, président de l’intercommunalité de 27 villages, le projet ne présente que des avantages. « D’un beau territoire mais modeste, on va faire un territoire riche », anticipe déjà l’élu en prévision des retombées économiques et fiscales. En Côte-d’Or, c’est un projet plus original qui a vu le jour début avril à Drambon-Pontailler. Engie et Suez y ont inauguré le premier parc photovoltaïque situé sur un centre de stockage de déchets. D’une puissance de 12 MWc, il devrait permettre d’alimenter annuellement près de 6 800 habitants en électricité, soit un tiers de la population du canton CAP Val de Saône.