Optipus-PV : des films photovoltaïques pour remplacer les batteries

Optipus-PV, une startup marseillaise de la deeptech, a développé des films photovoltaïques organiques qui pourraient bientôt remplacer les batteries de petits objets électroniques. Baptisés Energy Skin, ces autocollants flexibles, mais solides, se composent de PET et de polymères organiques photoactifs.
S’achemine-t-on vers la fin des petites batteries et des piles ? À Marseille, la startup Optipus-PV a créé des cellules photovoltaïques organiques adhésives et flexibles capables de recharger des appareils électroniques à faible consommation. Baptisés Energy Skin, ces films esthétiques et personnalisables sont capables de s’intégrer au design des objets sans fils pour les alimenter en énergie grâce à la lumière naturelle ou artificielle.
Optipus-PV, l’aventure de trois chercheurs marseillais
Ces cellules photovoltaïques organiques sont le résultat de dix ans de travaux. Tout a débuté en 2013 quand trois chercheurs se sont unis pour travailler sur une alternative aux cellules photovoltaïques en silicium, bien plus lourdes et coûteuses, notamment du point de vue environnemental. Il s’agit de Jörg Ackermann, Olivier Margeat et David Duché, associés à deux laboratoires spécialisés en nanosciences rattachés au CNRS et à l’Université Aix-Marseille. Nos trois docteurs ont planché sur une technologie plus récente et dont la maturation progresse, le photovoltaïque organique (OPV).
Optipus-PV a le soutien du CNRS sur ce projet
Contrairement aux cellules photovoltaïques traditionnelles en silicium, ces nouveaux films en OPV sont légers, flexibles et en même temps robustes mécaniquement. Ils ont également l’avantage de s’intégrer aux objets électroniques à faible consommation, comme des liseuses ou des casques connectés, sans compromettre leur design. Afin de valoriser les résultats obtenus, les chercheurs marseillais ont fondé en décembre 2023 la start-up Optipus-PV avec le soutien de CNRS Innovation et de la SATT Sud-Est. CNRS Innovation a également aidé le trio à mieux structurer son projet et à trouver un quatrième associé, Benoit Bailliart, expert en innovation et en marketing commercial.
Vers une réduction de l’extraction de silicium
Les cellules photovoltaïques d’Optipus-PV sont fabriquées à partir d’un matériau souple, le PET, sur lequel sont déposés des polymères organiques photoactifs. Ces matériaux permettent aux produits d’être légers, flexibles, solides et recyclables. De plus, ils réduisent la dépendance aux fournisseurs de silicium, majoritairement localisés en Chine, tout en diminuant l’extraction de ce minerai problématique pour l’environnement. Mais, pour un meilleur impact écologique, Optipus-PV sait qu’il lui faut élargir son film à des objets plus volumineux comme les voitures et les avions.
Design discret et multiples couleurs
Les Energy Skin se distinguent en outre par leur design discret et leurs multiples teintes, fruit d’une technique innovante de coloration. En effet, les chercheurs marseillais ont fait varier l’épaisseur des fines couches à l’intérieur du film photovoltaïque pour créer des phénomènes optiques d’interférence qui permettent de produire de la couleur au sein de l’objet. Ainsi, l’autocollant peut aisément se fondre dans un produit en adoptant la forme et la nuance convenant parfaitement à son aspect.
Optipus-PV prépare une levée de fonds
Selon Jörg Ackermann, cette technique affecte peu les performances du dispositif. Elle entraînerait des pertes de rendement de 10 à 15 %, bien inférieures à celles induites par les procédés de coloration des cellules en silicium, qui se situent entre 40 et 60 %. Après avoir recruté deux ingénieurs et réalisé ses premiers POC (proofs of concept), Optipus-PV cherche désormais à conclure une levée de fonds courant 2025 afin d’entamer la phase d’industrialisation et de commercialisation d’Energy Skin. La startup anticipe déjà les futurs marchés, comme les smartphones, ordinateurs, tablettes, voire les avions, bateaux et bâtiments classés.