Paris teste la première colonne Morris capable de dépolluer un quartier et de créer du biogaz. Une expérimentation menée avec Suez qui sera déployée fin 2017 si elle s’avère concluante.
Emblématiques des rues parisiennes, les colonnes Morris servaient de support d’information publique durant le 19ième siècle. Actuellement, des affiches publicitaires y sont encore collées mais ce mobilier urbain typique de Paris a plus une valeur historique. Les choses devraient rapidement changer si l’expérience lancée par Paris et Suez s’avère concluante. Une colonne Morris d’un nouveau genre vient d’être installée sur la place Victor-et-Hélène-Basch, dans le 14ième arrondissement. Plus connu sous le nom de place d’Alésia, ce carrefour compte parmi les plus pollués de la Capitale avec plus de 70 000 véhicules qui y passent quotidiennement.
La nouvelle colonne Morris développée par Suez sera désormais un puits de carbone. Un puits de carbone qui captera la pollution atmosphérique. Cette colonne 2.0 en verre est remplie d’eau et accueille à l’intérieur des micro-algues. Le procédé s’appuie sur le système de la photosynthèse puisque les micro-algues vont capter le gaz carbonique et le dioxyde d’azote présents dans l’air. Ces micro-organismes vont également utiliser la lumière naturelle extérieure ainsi que celle provenant de diodes électroluminescentes placées à l’intérieur afin de transformer le CO2 en dioxygène. Cet air « purifié » sera alors expulsé à l’extérieur. Une technologie centrée autour des micro-algues qui a été mise au point par le laboratoire girondin Fermentalg, basé à Libourne.
Un puits de carbone conséquent pour cette nouvelle colonne Morris
Les concepteurs de cette technologie mise sur les rails lors de la Cop21 de Paris sont très optimistes sur le rendement de leur colonne Morris. Car elle sera capable de capter une quantité de CO2 « équivalente à cent arbres, soit une tonne de C02 par an, l’équivalent d’un aller-retour Paris Washington en avion ».
Une technologie prometteuse de dépollution de l’air qui a déjà été testée avec succès à l’usine de Seine centre du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement parisien de Colombes. Une colonne qui aspire les gaz à effet de serre rejetés par les fumées du four d’incinération des boues de l’usine.
Plus encore, la nouvelle colonne Morris pourrait bien générer de l’énergie : du biométhane en l’occurrence. En accumulant du dioxyde de carbone, les miro-algues vont grandir et se multiplier. Il sera alors possible de les récupérer et d’évacuer cette biomasse vers le centre de traitement le plus proche. De là, elles seront valorisées en biogaz puis en biométhane qui sera injecté dans le réseau de chaleur de la ville. Un double bénéfice donc : juguler la pollution atmosphérique pour le bien des citoyens et produire de l’énergie.
Reste à présent à savoir quel sera le niveau de performance de cette installation d’un nouveau genre. Il y a fort à parier que les résultats soient concluants et que ces dispositifs se multiplient à l’avenir.