Plus de place au doute : les « réseaux intelligents » sont la pierre angulaire de la transition énergétique, et les compteurs communicants comme Linky sont quant à eux le pilier de ces fameux réseaux. C’est en tout cas la conclusion d’une étude récemment publiée par plusieurs acteurs publics et privés du secteur énergétique français.
D’une ampleur inédite, l’étude intitulée « Valorisation socio-économique des réseaux électriques intelligents » a pour objectif de fournir aux ministères en charge de l’énergie et de l’économie une analyse quantitative sur l’intérêt socio-économique des différentes solutions smart grids.
Réalisée par l’Association des distributeurs d’électricité en France (ADEeF), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité Enedis, et le Réseau de transport de l’électricité (RTE), l’étude synthétise les enseignements tirés des nombreux « appareils » installés un peu partout en France métropolitaine et en outre-mer, ainsi que des années de recherche théoriques, sur le sujets des smart grids.
Et les conclusions sont formelles : les innovations matérielles, logicielles ou organisationnelles, permises notamment par les technologies de l’information et de la communication, dites smart grids offrent de réelles solutions pour répondre aux nombreux défis soulevés par le développement de la production électrique d’origine renouvelable (EnR), variable et décentralisée, et par les évolutions des modes de consommation, notamment le développement de la mobilité électrique.
Les smart grids présentent ainsi de nombreux avantages : optimisation du parc de production, diminution de l’énergie non distribuée, diminution de l’énergie non injectée, diminution des pertes sur les réseaux… Autant de bénéfices qui, selon l’étude, permettent d’affirmer que « la valeur économique des smart grids justifie le déploiement de l’ensemble des solutions étudiées à court ou moyen terme ».
Un bénéfice de 400 millions d’euros par an
En effet, à l’horizon 2030 « l’ensemble des fonctions smart grids étudiées pourraient apporter des bénéfices nets de l’ordre de 400 million d’euros par an pour la collectivité, dont plusieurs dizaines de millions pour le réseau public de transport, auxquels s’ajouteront les bénéfices réalisés par les gestionnaires de réseau public de distribution ».
Les conclusions sont également encourageantes du point de vue de l’environnement. « Dans le scénario étudié en 2030, le déploiement de l’ensemble des solutions de flexibilité smart grids permet d’éviter environ 0,8 millions de tonnes de CO2 par an », soit 3 % des émissions annuelles du système électrique français. D’une manière générale, « les résultats de l’évaluation portant sur les émissions de CO2 montrent principalement des résultats positifs, y compris en intégrant le cycle de vie des matériels ».
Mais si les réseaux intelligents constituent l’avenir de l’énergie, les compteurs communicants ou smart meters en sont quant à eux un élément indispensable, en l’absence duquel rien ne sera possible.
En effet, les smart grids ont pour objectif d’optimiser la distribution d’électricité d’un bout à l’autre de la chaîne et pour cela, ils doivent pouvoir compter sur les compteurs communicants. Installés chez le consommateur, les compteurs intelligents comme Linky fournissent à ce dernier des informations sur les prix, les heures de pointe de consommation ou encore la qualité et le niveau de consommation d’électricité du foyer.
Pour le consommateur, c’est aussi la possibilité de réguler sa propre consommation et réaliser des économies. Pour les opérateurs, c’est la première étape vers la mise en place d’un réseau assurant l’adéquation entre production, distribution et consommation.
Pas de smart grids sans compteurs communicants
Certes, il est nécessaire de différencier smart grid et compteur communicant. Le premier est une appellation générale pour l’ensemble de technologies et infrastructures « intelligentes » installés, tandis que le second est le petit boîtier installé dans le foyer des consommateurs et qui mesure la consommation énergétique de ces derniers. Mais l’un ne va pas sans l’autre, et seule leur utilisation conjointe permet la flexibilité, la fiabilité, l’accessibilité et l’économie qui doivent caractériser l’énergie de demain.
Compte tenu de l’augmentation de la demande mondiale en électricité, la nécessité de maîtriser les consommations, l’épuisement des ressources fossile et le besoin croissant de recourir aux énergies renouvelables, la mise en place des smart grids – notamment au travers du déploiement des compteurs communicants – s’avère indispensable.
L’étude des gestionnaires publics des réseaux de distribution et transport d’électricité, affirme également que seul le déploiement de ces réseaux intelligents permettra à la France d’atteindre les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixés dans le cadre de la loi sur la transition énergétique.
L’équipement de 35 millions de foyers français en compteurs communicants à l’horizon 2021 s’inscrit pleinement dans les objectifs de cette loi. Ce nouveau compteur s’adaptera plus facilement aux nouveaux usages tout en facilitant l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau. Au final, les principaux apports des smart grids et des smart meters pourraient ne pas être d’ordre économique mais culturel et environnemental.