Avec plus de 40 000 hectares de forêt sous « sa juridiction », la start-up nantaise, Sylvamap, via son outil numérique, permet à de nombreux particuliers de gérer leur parc en toute quiétude. Et cela, par un suivi technique et économique efficace. Alban Le Cour, son co-fondateur, est revenu pour Cityramag sur cette aventure débutée fin 2011.
Cityramag : Alban, pouvez-vous s’il vous plaît revenir sur la genèse du projet ?
Alban Le Cour : A la base, je suis assez investi dans la sphère forestière tout comme mon associé, Jérôme Batisse. Il faut savoir que la France dispose de 15 millions d’hectares dont moins de 25% sont gérés par l’Etat (les parties domaniales); le reste appartenant à des particuliers, groupements ou porteurs de tares. Un espace aussi vaste est très difficile à entretenir, cela va sans dire. C’est là que Sylvamap intervient.
Cityramag : Quelle prestation proposez-vous ?
A. Le Cour : Nous proposons aux propriétaires forestiers de plus de 25 hectares (ainsi que leurs gestionnaires) un service de gestion durable. Cet outil, totalement numérique, leur permet ainsi d’avoir accès en quelques clics à une carte de leur domaine (mise à jour régulièrement). De multiples informations sont alors proposées, à l’image de la répartition des parcelles et de leur contenu ou encore le programme des interventions prévues et celles déjà réalisées.
Normalement, tout cela est géré par un simple document papier, ce qui rend un suivi de qualité très complexe, vous en conviendrez. Notre valeur ajoutée est donc de rendre ces fastidieuses opérations 100% interactives, tout en veillant à ce que le travail des gestionnaires sur le terrain corresponde au plan d’action défini sur le site. Il n’est pas rare qu’un client se projette sur 20 ans. Il lui est dès lors impossible d’être physiquement sur le terrain de manière continue.
« Des affaires familiales qui se transmettent de génération en génération »
Cityramag : La législation impose-t-elle aux propriétaires une obligation d’entretien des domaines ?
A. Le Cour : Concrètement, non. L’Etat joue plutôt un rôle pédagogique afin que les domaines forestiers soient entretenus. Mais je ne pense pas que le gouvernement décide d’imposer une réglementation sur ce dossier. Nos clients sont des gens passionnés par la nature, et leur but est vraiment de préserver ce patrimoine.
Cityramag : Votre leitmotiv « vivez pleinement votre forêt » fait-il écho à un symbole particulier ?
A. Le Cour : Beaucoup de propriétaires souhaitent un jour passer le flambeau à leurs descendants. On parle vraiment d’affaires familiales qui se transmettent de génération en génération. Nous avons donc créer deux types de droits sur la plateforme, un accès pour les gestionnaires et un accès pour les consultants. Ces derniers sont les personnes appelées à prendre la relève. Ils peuvent ainsi comprendre et se projeter sur l’économie de la forêt en suivant l’activité des domaines en ligne.
Cityramag : Quel est le modèle économique de votre start-up ?
A. Le Cour : Nous proposons un système d’abonnement annuel dont le prix varie en fonction de la taille des domaines. Grosso modo, nous facturons 2,5 euros par hectare, sachant que nous intervenons sur des espaces supérieurs à 25 hectares.
Cityramag : L’aide d’un incubateur a-t-elle été déterminante pour Sylvamap ?
A. Le Cour : Oui, c’était indispensable. On ne sent pas tout seul. On a bénéficié d’un véritable accompagnement de la métropole nantaise. D’autres partenaires ont également favorisé notre éclosion, à l’image de la Fondation Michelin (prêt de 32 000 euros). Enfin, des structures privées sont parallèlement intervenues à hauteur de 470 000 euros d’investissements.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo