Avis aux propriétaires qui louent leurs biens via Airbnb pour arrondir leurs fins de mois. Devant la recrudescence de logements loués par des multipropriétaires cupides, de nombreuses mesures vont être prises pour changer de manière radicale le système mis en place par la célèbre plateforme de location saisonnière.
A l’origine, les intentions d’Airbnb, créée en 2008 par deux entrepreneurs Américains, Brian Chesky et Joe Gebbia, semblaient plutôt bonnes. Cela consistait à permettre à des particuliers de louer tout ou une partie de leur bien à des vacanciers et ainsi, se constituer une petite cagnotte d’appoint. Le système s’est rapidement étendu dans le monde entier, au point qu’Airbnb est désormais représenté dans plus de 192 pays et 34 000 villes, ce qui représente plus d’1,5 million d’annonces chaque année. A l’ère de l’ubérisation et de l’économie collaborative où le bien que l’on possède peut également servir de source de revenus subsidiaires, certaines dérives n’ont pas manqué d’être remarquées. Et elles aussi, étendues dans le monde entier.
Les grandes villes dans le collimateur
Airbnb s’est-il caché sous ses intentions louables pour dissimuler des mensonges pour le moins lucratifs ? C’est ce que l’on est en droit de se demander quand on observe le comportement de certains multipropriétaires qui ont fait d’Airbnb une manne financière. Ainsi, à Londres, un propriétaire de 881 logements, excusez du peu, s’est octroyé près de 13,7 millions d’euros de revenus cette année. Même somme remportée par un autre propriétaire de quelques 504 appartements à Bali. Et ce ne sont pas les seuls à louer des appartements par centaines et ainsi s’enrichir de plusieurs millions de dollars. Un constat qui se retrouve dans les grandes villes, comme le révèle un article du Telegraph du 9 novembre dernier. Cape Town, Sydney, Madrid et même Paris, font partie des villes les plus concernées par ce phénomène, devenu un véritable business, avec des professionnels spécialisés dans la location pour des multipropriétés.
Dans ces mégapoles, une location d’appartement peut rapporter jusqu’à 40 000 dollars par an et par bien (un chiffre que l’on retrouve à Bali et qui peut descendre à hauteur de 18 600 dollars pour New York, « seulement » 10e des villes les plus lucratives). En France, sur
328 000 places d’hébergement enregistrées à la fin juin, un tiers proviennent d’Airbnb. 2,7% du parc immobilier des dix plus grandes villes françaises étaient ainsi mises sur le marché de la location de courte durée et 43% des annonces concernaient Paris. Un vrai problème quand on fait face à des problèmes de surpopulation et de manques de logements dans certaines de ces villes. « Paris a perdu 20 000 logements, transformés en logements touristiques (…) Nous estimons qu’Airbnb a joué un rôle dans ce phénomène » précise Ian Brossat, Maire-adjoint en charge du Logement à la Mairie de Paris. Il en est de même à Bordeaux, qui a vu le nombre d’annonces en ligne augmenter de 77% en un an.
Si 35% des propriétaires dans le monde seraient des sociétés de management dédiées à la location temporaire, Airbnb continue d’affirmer que la majorité des propriétaires sont de simples particuliers. Mais les choses risquent de changer prochainement.
Des infractions qui peuvent être lourdes pour les multipropriétaires
Ainsi, à partir du 1er décembre, la Mairie de Paris a décidé de contrôler davantage ce système de location éphémère. Surtout que la ville est devenue la championne du meublé touristique. Désormais, toute personne souhaitant mettre son logement sur Aibnb, devra obtenir un numéro d’enregistrement. Bordeaux va même aller plus loin : toute résidence principale louée plus de 120 jours par an, sera transformée en entreprise commerciale vouée au tourisme. Il est en effet interdit, en France, de louer sa résidence principale plus de quatre mois par an, sans autorisation préalable. C’est ainsi que de nombreux propriétaires se mettent chaque année dans l’illégalité et risquent jusqu’à 25 000 euros d’amende. A Paris, on estime à quelques centaines, le nombre de logements saisonniers loués de manière légale, sur les 40 000 qui le sont chaque année. Un utilisateur français sur quatre d’Airbnb toucherait ainsi 45 000 euros par an de gains.
En Belgique, c’est l’administration fiscale qui va lancer une vaste opération d’actions sur les particuliers qui ne déclareraient pas leurs revenus locatifs qui proviendraient de la plateforme Airbnb. Cette dernière sera également amenée à rendre des comptes sur les locations. Tandis que dans l’Hexagone, à partir du 1er janvier 2018, selon le décret du 29 septembre dernier, Aibnb devra faire apparaître sur l’annonce émise, si elle provient d’un particulier ou d’un loueur professionnel. En cas de mensonge, le déclarant risquera 15 000 euros d’amende.
La fin d’une période bénie pour les multipropriétaires d’Airbnb?