Pleinement impliquée dans la transition énergétique chère à la COP 21 et Emmanuel Macron, Wivaldy, la jeune pousse née en janvier 2017, surfe sur le potentiel du compteur communicant Linky pour optimiser et adapter avec efficience la consommation électrique des Français. Rémy Rousset, co-fondateur de la structure, revient pour Cityramag sur l’aventure Wivaldy, véritable green start-up à la française.
Cityramag : Rémy, pouvez-vous s’il vous plaît revenir sur la genèse du projet Wivaldy ?
Rémy Rousset : Tout a commencé par hasard lorsque j’ai reçu une facture d’électricité dont le prix me semblait disproportionné. De plus, le document était présenté d’une manière suffisamment vague qu’il m’était difficile d’avoir une analyse objective de ma consommation. Je me suis donc procuré un petit capteur standard que j’ai connecté à mon tableau électrique afin de faire un véritable état des lieux. Malheureusement, cet outil s’est avéré peu performant.
Avec mes collaborateurs (Norida Chin et Mathieu Lorber), nous nous sommes finalement aperçus qu’il y avait une véritable niche économique à exploiter. A savoir, comment intégrer au mieux les tarifs du marché français au sein des foyers et comment l’élargir. Cette opportunité s’est d’ailleurs rapidement concrétisée puisque nous avons participé à un hackathon organisé par Enedis. Nous avons ainsi pu accéder aux données de Linky. Cela nous a permis de nous rendre compte que ce compteur communicant présentait un potentiel indéniable nous permettant de remonter, d’analyser et de faire fructifier les informations propres à chaque logement. L’aventure prenait alors véritablement forme.
Cityramag : Concrètement, comment fonctionne l’expertise de Wivaldy ?
R. Rousset : Notre valeur ajoutée est de déceler si nos clients souscrivent un forfait énergétique viable et adapté. Nous allons donc pour cela nous loguer au compteur Linky – si ces derniers en possèdent un – ou dans le cas contraire utiliser d’autres capteurs afin de s’adapter à toute situation. A partir de là, nous pouvons vérifier leurs options tarifaires par rapport à leur consommation réelle établie sur une période de sept jours.
Ainsi, nous sommes capables de diagnostiquer avec précision si les heures creuses et pleines sont rentables, si les appareils actifs ou en veille sont trop énergivores et si la puissance souscrite est la bonne. Et cela, en étudiant plusieurs phases de la journée que nous comparons à une moyenne des autres foyers. A titre d’exemple, un ballon d’eau chaude sur quatre surconsomme, ce qui est loin d’être anodin. Il est clair qu’avec plus de 15 fournisseurs actifs aujourd’hui sur le sol français, il est très facile pour un particulier ou une entreprise de faire le mauvais choix; une décision qui se répercute fatalement sur le porte-monnaie.
« Linky est un magnifique projet industriel français »
Cityramag : Sur quel modèle économique vous appuyez-vous ?
R. Rousset : Notre diagnostic, facturé 19 euros, permet à nos clients d’avoir toutes ces réponses et d’économiser en moyenne 10 à 15% sur leur facture électrique ce qui représente grosso modo 100 à 150 euros chaque année. Quant au suivi de consommation, celui-ci est totalement gratuit. Nous leur proposons également d’aller plus loin et d’opter pour un abonnement premium (49 euros par an, le diagnostic est compris dans le prix). Il sera dès lors possible de détecter sur le long terme les appareils qui peuvent potentiellement poser problème par l’intermédiaire de capteurs wifi supplémentaires. Lorsqu’une anomalie est relevée, ces derniers recevront des notifications (sms, messenger, etc.) à des moments clés du quotidien.
Cityramag : Les smart grids et notamment Linky sont-ils une révolution selon vous ?
R. Rousset : Totalement, Linky est un magnifique projet industriel français permettant de franchir de nombreuses barrières techniques. Mais sans la pédagogie et la communication adéquates pour l’accompagner, l’aventure Linky n’apporte pas la valeur ajoutée escomptée. Et pour cause, le consommateur reste et restera l’un des acteurs principaux de cette transition énergétique. Il doit donc avoir conscience que les données récoltées lui servent à mener de front une consommation énergétique intelligente, et de reprendre le pouvoir sur des factures illisibles.
Beaucoup de choses fausses ont été dites à propos de Linky, et c’est à ce niveau-là qu’il faut rassurer les gens et tuer dans l’œuf les informations erronées (ondes magnétiques dangereuses, atteinte à la vie privée, etc.). Linky est un formidable ambassadeur du savoir-faire hexagonal, j’ai encore pu le constater très récemment lors du CES de Las Vegas où beaucoup de pays s’y intéressaient de très près.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo