Afin d’encadrer sa puissante démographie, l’Égypte a décidé de bâtir une nouvelle capitale, respectueuse des standards du développement durable mais aussi attractive pour les investissements étrangers.
Certains pays, au Moyen-Orient, connaissent des problématiques liées à leur faible démographie. Ce n’est pas le cas de l’Égypte. Ou, plutôt, c’est tout l’inverse. Avec près de 100 millions d’habitants vivant dans un espace à 95 % désertique, le pays voit ses centres urbains se densifier depuis des années. La capitale, Le Caire, abrite aujourd’hui quelque 22 millions d’individus. Et d’ici 2050, selon les statistiques officielles du pays, ils devraient être plus de 40 millions à y établir domicile. Dans 30 ans, l’Égypte pointera au 12ème rang mondial en termes de population, avec 150 millions d’habitants. L’indice de fécondité égyptien, établi en 2016 à 3,2 enfants par femme, annonce une démographie puissante et pleine d’avenir.
Une urbanisation responsable voulue par Abdel Fattah al-Sissi
Une aubaine pour l’économie égyptienne mais un défi pour le vivre ensemble. Aux heures de pointe, les artères cairotes sont quotidiennement bouchées par des embouteillages, ce qui n’arrange pas la qualité de l’air qui plane au-dessus de la capitale. Si bien que Le Caire occupe régulièrement le « Top 3 » des mégapoles les plus polluées du monde… Raison pour laquelle Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien, a fait de l’urbanisation responsable un objectif essentiel. Son grand chantier : le déménagement du centre névralgique du pays à quelques dizaines de kilomètres, plus à l’est. Annoncée en 2015, la « nouvelle capitale » égyptienne devrait d’ailleurs être inaugurée cette année.
Sur un espace de 700 kilomètres carrés, découpés en 21 districts résidentiels, « Future City », le nom du projet, accueillera d’ici 20 ans 6 millions d’habitants, qui auront tout à disposition : infrastructures de santé, d’éducation, zones commerciales, lieux multiculturels. Le chef de l’État était d’ailleurs présent, le 6 janvier 2019, pour l’inauguration de la cathédrale de la Nativité, la plus grande église copte du Moyen-Orient. La future capitale de l’Égypte comptera également de nombreux hôtels et résidences pour accueillir les touristes, ainsi qu’un nouvel aéroport. Afin de répondre aux objectifs de développement durable, Abdel Fattah al-Sissi a souhaité faire la part belle au secteur piétonnier parmi les 10 000 kilomètres de voies nouvelles.
Une dizaine de « villes nouvelles »
La nouvelle mégapole égyptienne a fait le pari de la responsabilité écologique. Pour rappel, l’Égypte, aux avantages énergétiques (hydraulique et solaire) certains, souhaite augmenter ses capacités renouvelables. Certains bâtiments produiront ainsi une partie de leur consommation électrique. De nombreux espaces verts devraient émailler l’espace urbain. « L’idée est de créer une ville internationale […] qui offrira une multitude d’opportunités économiques et une qualité de vie à part », renseigne le site Internet du projet. Outre les enjeux liés au développement durable, les autorités égyptiennes cherchent à attirer les investissements étrangers en Égypte. Le « projet capital » devrait créer l’appel d’air nécessaire à l’afflux de financements.
Longtemps dans les cartons des autorités égyptiennes, ce projet, pensé dès les années 1970, a plusieurs fois été repoussé. Mais dès son arrivée au pouvoir, en 2014, Al-Sissi a décidé de s’en emparer, et s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs, qui ont tous bâti, si ce n’est une nouvelle capitale, plusieurs « villes nouvelles », avec pour objectif de désengorger la vallée du Nil, qui abrite les seules terres arables du pays.
Le chantier de la nouvelle capitale fait d’ailleurs partie d’un chantier plus vaste puisque la construction d’une dizaine de « villes nouvelles » est également prévue. Elles devraient voir le jour dans les décennies à venir.