FlexLiving, fondée en 2021, propose des pied-à-terre clés en main quelques jours par semaine ou par mois pour les déplacements professionnels réguliers à Paris. Les entreprises profitent de cette nouvelle forme d’habitation. En fournissant une option de logement flexible aux travailleurs hybrides, la jeune pousse lève ainsi un des freins à la transformation rapide de leurs besoins, exacerbés par la pandémie de la Covid-19. Les employeurs peuvent désormais recruter sur l’ensemble du territoire car ils savent que leurs nouveaux collaborateurs tout comme les anciens qui changent de mode de vie, n’auront aucun mal à se loger à proximité de leurs bureaux.
Lionel Bodénès, cofondateur de la start-up, revient pour Cityramag sur les tenants et les aboutissants de l’aventure FlexLiving.
Cityramag : Pouvez-vous revenir s’il vous plaît sur la genèse du projet FlexLiving.
Lionel Bodénès : Tout a commencé avec des échanges avec des amis bretons qui souhaitaient quitter Paris pour retourner en Bretagne, mais tout en conservant leur emploi dans la capitale. De fil en aiguille, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de solution de logement adaptée à leurs besoins. Ces derniers allaient donc à l’hôtel ou dans des Airbnb où ils ne se sentaient pas chez eux avec une certaine contrainte administrative liée aux réservations incessantes d’une semaine à l’autre. Ou alors ils devaient loger chez des amis ou dans leur famille, ce qui n’est pas toujours idéal. Une dernière solution existait, à savoir la réservation d’un studio à 100% qui demeure peu viable financièrement dans le temps.
Fort de ce constat, on a creusé ensemble le sujet. Actuellement, le travail est hybride avec une augmentation massive du télétravail liée à la pandémie Covid, et par effet miroir, moins de jours en présentiel. Dans ce monde-là, on peut vivre autre part que dans la ville d’implantation des bureaux, tout en s’y rendant régulièrement.
D’après un récent baromètre de Malakoff Humanis (portant sur les chiffres 2021), 86% des télétravailleurs souhaitent combiner travail à distance et le présentiel de manière pérenne. Ce chiffre très important répond de facto à un besoin de bien-être toujours plus fort des collaborateurs. Et dans cette guerre des talents qui se joue entre les entreprises, cette volonté fait logiquement partie des arguments de séduction des employeurs. 79% des grandes entreprises françaises insèrent d’ailleurs ce critère dans leur processus de recrutement.
Cityramag : Vous vous êtes donc glissés dans cette niche.
L. B : C’est exactement ce qu’on propose avec FlexLiving : des pieds à terre clé en main, meublés, équipés, connectés, à deux pas des bureaux. Et cela, sous un format d’abonnement pour des déplacements professionnels réguliers de quelques jours par semaine ou par mois. Notre cible sont les particuliers mais aussi les entreprises à qui nous proposons directement notre produit. Ces dernières proposent ainsi à leurs salariés ce pass FlexLiving, en le prenant souvent en charge. En conséquence, ceux-ci se reconnectent socialement avec leurs collaborateurs et notre offre suscite de plus en plus l’intérêt des entreprises pour l’intégrer au sein de leur solution RH.
Il est important de noter que le prix de notre abonnement est fixe et présente un coût 40 à 50% moins cher que si les travailleurs hybrides passaient par la case hôtellerie et parahôtellerie qui culmine quasiment systématiquement à 300 euros la nuit minimum avec une grande volatilité des prix. Nous leur offrons dès lors plus de sérénité via un ou plusieurs logements définis en dessous des prix du marché pour loger leurs collaborateurs. Autre point non négligeable, nous mettons à leur disposition des casiers sécurisés pour qu’ils puissent conserver leurs affaires d’une semaine à l’autre. Nous souscrivons également une assurance responsabilité civile pour tous nos clients incluse dans le loyer.
Pour résumer, nous fournissons une expérience 100% digitale à l’ensemble de nos membres afin que celle-ci soit la plus fluide et la plus efficace possible. Notre objectif est qu’en un clic nos clients puissent réserver leur chambre chez FlexLiving. En ce sens, on est en train de construire un calendrier dynamique pour que les entreprises à qui nous fournissons les logements puissent gérer efficacement le parcours de leurs collaborateurs.
A noter que nous sollicitons également les étudiants, notamment ceux en alternance, qui changent de ville une semaine sur deux entre leur lieu de formation et l’entreprise qui les emploie.
Cityramag : Comment arrivez-vous à convaincre les propriétaires de baisser leurs tarifs ?
L. B : Aujourd’hui, Airbnb est par exemple très réglementé à Paris avec une limite de location de 120 nuitées par an, uniquement pour les résidences principales. Pour les résidences secondaires, c’est tout simplement interdit. Notre cible sont les propriétaires privés ou les investisseurs locatifs institutionnels. Ces derniers, via notre pass, ne souffrent pas de cette réglementation et nous leur offrons un engagement longue durée et un loyer fixe sécurisé tous les mois.
FlexLiving est un gestionnaire professionnel de logements à temps partiel. Cette gestion est rigoureuse et très active car on se charge de tout l’entretien et des réparations des biens que nous louons. Sachant que bien souvent, lorsque nous enregistrons un nouveau logement, nous le valorisons en prenant en charge de menus travaux pour qu’il corresponde à nos standards. Enfin, nous gérons naturellement toute la partie logistique pour les propriétaires ainsi que nos clients. Pas de gestion opérationnelle ou administrative pour eux, donc, et on est très réactif en cas d’accident.
Cityramag : Qu’en est-il de votre modèle économique ?
L.B : Aujourd’hui, on a plus de 150 membres actifs dans notre communauté et 80 chambres réparties à la fois dans des formats studio ou en colocation. On a également des immeubles totalement indépendants dans notre parc et en exploitation. Le tout exclusivement en intra-muros. La demande est monstrueuse, le challenge est forcément d’aller booster l’offre de logements. Pour accélérer notre développement, nous avons récemment réalisé notre première levée de fonds (1,5 million d’euros).
Nos abonnements sont mensuels et se renouvellent tacitement. Les prix qu’on propose dépendent de la localisation du logement et de sa superficie mais restent toujours fixes. Et comme je l’ai dit précédemment, nous proposons des tarifs bien plus intéressants que l’offre hôtelière et para-hôtelière parisienne.
Cityramag : Quelles sont vos perspectives de développement ?
L. B : Notre modèle est logiquement duplicable car le travail hybride s’est démocratisé partout en Europe, et dans le monde. Le télétravail s’est multiplié par quatre à Milan, par cinq à Londres. On retrouve la même tendance à Madrid et Bruxelles où les problématiques sont les mêmes qu’à Paris. Nous allons donc nous projeter sur ces marchés à moyen terme.
En ce qui concerne la France, le marché est suffisamment profond pour nous consacrer ces prochains mois sur Paris. Nous allons aussi nous projeter sur Lyon.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo