« Electric Road System » : voilà le nom du nouveau projet de Vinci qui sera testé durant trois ans pour les voitures et camions sur quatre kilomètres de l’A10 dans le sens Paris-Orléans, en amont de la barrière de péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines.
Electric Road System : Comment ça fonctionne ?
Le transport routier est un pilier essentiel de notre économie moderne, mais il représente également un défi majeur en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de dépendance aux combustibles fossiles. Dans cette optique, Vinci, le géant français de la construction et des infrastructures, a pris une initiative novatrice pour révolutionner le secteur du transport : les autoroutes électriques avec le « Electric Road System ».
L’Electric Road System (ERS) est une solution qui vise à charger les véhicules électriques en mouvement sur les autoroutes. Il s’appuie sur des infrastructures spéciales intégrées dans la chaussée, permettant la transmission sans fil de l’électricité aux véhicules équipés d’un dispositif de recharge. Ce dernier est généralement installé sur le châssis du véhicule, ce qui permet de capter l’énergie électrique transmise par les routes électrifiées.
Le fonctionnement de ce système repose sur le principe de l’induction magnétique. Lorsqu’un véhicule électrique équipé du dispositif de recharge circule sur une section électrifiée de l’autoroute, un champ magnétique est créé, induisant un courant électrique dans le dispositif de recharge du véhicule. Ce courant est ensuite utilisé pour recharger la batterie du véhicule, prolongeant ainsi son autonomie sans avoir besoin de s’arrêter.
Selon un rapport remis au ministère des Transports à l’été 2021, les « routes électriques » seront cruciales pour l’électrification rapide des poids lourds roulant encore majoritairement au diesel.
Un projet ambitieux
L’un des principaux avantages de l’Electric Road System est la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre. En favorisant l’adoption de véhicules électriques, cette technologie permettra de réduire considérablement l’empreinte carbone du secteur du transport routier. Les véhicules électriques se verront ainsi plus respectueux de l’environnement, car ils ne produiront pas d’émissions directes pendant leur fonctionnement.
D’autre part, en éliminant la nécessité de stations de recharge fixes, le système de “routes électriques” permettrait de réduire la dépendance aux carburants fossiles, ce qui pourrait également avoir un impact économique positif en réduisant les importations de pétrole.
La start-up Electreon, par exemple, a déjà des projets aux Etats-Unis, en Italie, en Suède et en Israël, où Fiat teste la recharge de sa petite citadine, la Fiat 500.
L’idée à l’avenir serait de “ déployer ces technologies à grande échelle, sur des centaines ou des milliers de kilomètres”, explique Louis du Pasquier, en charge du projet chez Vinci. Avant le déploiement du système sur l’A10, les premiers essais auront lieu à Rouen en septembre 2023 sur une piste fermée du Cerema, un équipement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique.
Des défis encore à relever
La mise en place de l’Electric Road System, comme le rapporte le ministère des Transports, implique des coûts initiaux considérables pour la construction et l’installation des infrastructures spéciales sur les autoroutes. Quant à l’induction, le rapport précise qu’elle n’est pas encore assez puissante pour que le système voit pleinement le jour.
Une autre solution, “la plus avancée technologiquement” est en cours de test en Allemagne et fonctionnerait grâce à un caténaire comme pour les Tramways. Cependant, le projet n’est pas encore optimal puisqu’il n’alimente que les camions, et les pylônes nécessaires en bord de route posent des problèmes de sécurité routière.
Pour que le système fonctionne efficacement, tous les véhicules électriques devront aussi être équipés du dispositif de recharge compatible. Cela pourrait nécessiter des incitations gouvernementales pour encourager les constructeurs automobiles à adopter cette technologie et rendre les véhicules compatibles.
Le projet s’étendra sur 3 ans pour un budget de 26 millions d’euros, avec le soutien du plan public France 2030 via la Banque publique d’investissement (BPI). La filiale de TotalEnergies Hutchinson, fabriquera les bobines et l’université Gustave-Eiffel se chargera de contrôler l’efficacité de l’expérience.