Le Conseil d’État a rejeté le pourvoi en cassation des opposants à la Tour Occitanie à Toulouse. Avec la levée de cet ultime obstacle légal, la construction de l’édifice peut enfin débuter, cinq ans après la délivrance du permis de construire. S’ils prennent acte de cette décision, les opposants annoncent qu’ils continueront à se mobiliser pacifiquement contre le projet.
Le Conseil d’État a déclaré irrecevable, le mardi 5 novembre 2024, le pourvoi en cassation des opposants à la Tour Occitanie à Toulouse (Haute-Garonne). Il n’y a donc plus aucun obstacle légal à la construction de l’immense édifice prévu dans le quartier Matabiau. Philippe Journo, PDG et fondateur de la Compagnie de Phalsbourg, le promoteur privé à l’origine du projet de gratte-ciel, parle de « soulagement » et de « satisfaction », après cinq ans de bataille juridique.
Le permis de construire de la Tour Occitanie acquis en 2019
La Tour Occitanie avait été annoncée à Cannes (Alpes-Maritimes) début 2017, lors du MIPIM, le plus grand salon d’immobilier au monde. Mais c’est en juillet 2019 que le permis de construire a été accordé par le maire Jean-Luc Moudenc. Presque immédiatement, des associations, dont Non au gratte-ciel de Toulouse ou France nature environnement Midi-Pyrénées, avaient exprimé leur opposition à la construction de l’immeuble et l’avaient attaqué en justice, provoquant sa suspension.
La Cour administrative d’appel avait déjà confirmé la légalité du permis de construire
Le Covid et l’inflation ont ensuite fait piétiner la procédure judiciaire. En février dernier, la Cour administrative d’appel de Toulouse avaient débouté les contestataires et confirmé la légalité du permis de construire de la Tour Occitanie. Mais les plaignants avaient déposé en avril un pourvoi en cassation devant le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative française. Ne jugeant que la forme (l’application du droit), et donc pas le fond des dossiers, cette institution a rejeté le recours de la dernière chance.
Le projet est plus pertinent que jamais
Les actions en justice ont sérieusement retardé le projet. La Tour Occitanie devait initialement sortir de terre avant l’arrivée de la troisième ligne de métro. Or, ce chantier est en cours, ce qui oblige le promoteur à changer ses plans. La Compagnie de Phalsbourg doit reprendre les études. Mais son PDG Philippe Journo reste confiant. Il estime que le projet est plus pertinent que jamais d’un point de vue urbanistique.
La Tour Occitanie mesure 153 mètres de haut et de 40 étages
Premier gratte-ciel de Toulouse, la Tour Occitanie sera érigée à côté de la gare Matabiau, sur un terrain de la SNCF. Cet immeuble de 153 mètres de haut et de 40 étages se dotera d’une façade en verre parcourue par un ruban végétal. Sur les 30 000 m² de surface prévue par l’architecte américain Daniel Libeskind, 11 000 m² serviront de bureaux, 2 000 m² de commerces et 1 500 m² de locaux SNCF. Il est également prévu plus de 100 logements, un hôtel 4 étoiles, un restaurant et un bar panoramiques au sommet de la tour.
Le débat ne ferait que commencer pour les opposants
La Tour Occitanie se trouve dans un quartier en plein chantier, censé accueillir la ligne C du métro en 2028 et la LGV Bordeaux-Toulouse quatre ans plus tard. Cet édifice XXL viendra ajouter un autre joyau architectural, qui servira aux entreprises mais aussi aux particuliers de Toulouse. Toutefois, sa construction ne plait pas à tout le monde. Richard Mébaoudj, l’un des fondateurs de Non au gratte-ciel de Toulouse, dit « prendre acte » de la décision du Conseil d’État, mais assure « que le débat ne fait que commencer ».
Un appel à se mobiliser pacifiquement contre la Tour Occitanie
Le responsable associatif se réserve le droit d’attaquer en justice le permis modificatif s’il dérogeait au permis initial. Il estime que le projet reste « une triple catastrophe environnementale, esthétique et financière ». Il pointe aussi de « nombreuses aberrations et des risques de sécurité et de sûreté » pour la population. Au nom de son ONG, il lance un appel aux Toulousains pour qu’ils continuent à se mobiliser pacifiquement contre ce gratte-ciel. Mais Philippe Journo prévient qu’il les assignera tous en justice pour recours abusifs, s’ils osaient encore faire quoi que ce soit.