Annonay en Ardèche est en train de tester pour la première fois en France la production d’électricité en utilisant une canalisation d’eau. La petite ville de France emboîte ainsi le pas à Madrid qui s’y est déjà essayé avec succès. L’expérimentation pourrait à l’avenir être déployée à de grands ensembles urbains.
Située en Ardèche, en région Rhônes-Alpes, la ville d’Annonay ne compte qu’à peine plus de 16 000 habitants. Pour autant, parvenir à produire et à bénéficier d’électricité propre, à partir d’énergie renouvelable entre autre, compte parmi les préoccupations de la ville au même titre que les plus grands ensembles urbains. Si Annonay ne dispose pas de parcs d’éoliennes gigantesques ni de centrales marémotrices ou encore de fermes photovoltaïques colossales, les idées ingénieuses et simples restent toutes aussi performantes. C’est dans cette optique que la ville essaie de produire de l’électricité à partir d’une canalisation d’eau potable, en s’appuyant notamment sur le débit de l’eau et le dénivelé du terrain. La ville reproduit ici en quelque sorte le principe de la génération d’électricité au sein des usines marémotrices ou des barrages hydrauliques, mais en changeant considérablement d’échelle, de coûts et d’infrastructures.
Ce principe a déjà été appliqué avec succès en Espagne, à Madrid. Annonay devient ainsi la deuxième ville en Europe à se lancer dans l’opération et même la toute première ville en France.
Une centrale hydroélectrique de poche à Annonay
Pour les besoins de cette opération novatrice, la ville d’Annonay s’est adjoint les services de l’entreprise lyonnaise Hydrowatt, spécialisée sur le sujet. Car l’enjeu technique consistant à produire de l’électricité en s’appuyant sur une petite canalisation de 2 mètres de long à peine était de taille. Le groupe industriel Saur ainsi que Saint-Gobain PAM se sont alors associés au projet en concevant et en implantant une turbine qui s’adapte justement à ce genre de petites canalisations. Le dénivelé du terrain facilite également la production d’électricité en accélérant le débit de l’eau qui circule.
Le turbine ainsi intégrée à la canalisation d’à peine 2 mètres de longueur sera dans un deuxième temps installée sur l’une des canalisations reliant le barrage du Ternay à l’usine de traitement d’eau potable d’Annonay. Les travaux sont encore en cours et la mise en service du dispositif est attendue à la rentrée, courant septembre ou octobre.
Le directeur du développement de l’entreprise Hydrowatt, Pierre Bonicel, explique ainsi le principe du procédé : utiliser la force hydraulique pour venir brancher sur ce réseau là une turbine, une sorte de petite dynamo, qui va fabriquer de l’électricité ». A terme, l’objectif est de parvenir à créer « localement une énergie propre ». En bout de ligne, le dispositif devrait permettre de créer 30% de ce que consomme l’usine de traitement en eau potable de la ville.
Le succès annoncé de l’opération entraînera certainement un déploiement du procédé dans d’autres villes de France. Strasbourg tire également partie de ses ressources locales mais pour créer de la chaleur.
En attendant, le maire d’Annonay se félicite de cette expérimentation : « Nous sommes fiers que la Ville d’Annonay puissent montrer l’exemple puisqu’en autorisant simplement, sans investissement de la collectivité, l’utilisation de notre réseau de traitement de l’eau potable, on créé de l’électricité et ainsi on s’inscrit pleinement dans la transition énergétique ».