Bug informatique : des lignes de métro immobilisées le 19 janvier 2038 à 3h14 ?
Une véritable bombe à retardement. Un bug informatique pourrait paralyser le RER A et huit lignes du métro parisien le 19 janvier 2038 à 3h14. Ce défaut logiciel, imputé à Alstom et connu de l’industriel français, a entraîné sa condamnation il y a quelques jours. Le tribunal administratif de Paris a ordonné au géant ferroviaire de le corriger d’ici cinq ans, sous peine de lourdes astreintes financières.
Le 19 janvier 2038, plusieurs lignes du métro parisien et le RER pourraient être mis à l’arrêt. Cette fois, ce ne sera pas à cause d’une grève ni d’une panne mécanique ou d’électricité (même si le hasard pourrait bien faire les choses). Il s’agira d’un bug informatique, tapi dans les entrailles des rames depuis plusieurs décennies. Surnommée le bug 2038, cette panne pourrait survenir précisément le 19 janvier 2038 à 3h14m et 7s.
Un potentiel bug informatique découvert en 2017
Cette bombe à retardement numérique a été découverte le 5 octobre 2017, lors d’une simple vérification de routine sur des consoles du MI 09, qui équipe notamment la ligne du RER A. Des techniciens et ingénieurs de la RATP avaient constaté qu’il leur était impossible d’inscrire une date supérieure à 2037 sur la console d’une rame. Ce défaut de configuration est lié à un blocage logiciel effectué par Alstom, qui a volontairement camouflé le problème en ajoutant du code.
La panne proviendrait d’une limite de programmation des systèmes informatiques embarqués
Ce potentiel dysfonctionnement informatique concernera plus d’un tiers du réseau RATP (les lignes 1, 2, 4, 5, 6, 9, 11 et 14 du métro parisien), ainsi que le RER A et six lignes de tramways (T3, T3b, T5, T6, T7, et T8). Il porte le nom de bug de l’an 2038. Comme son cousin le bug de l’an 2000, la panne proviendrait d’une limite de programmation des systèmes informatiques embarqués. En effet, les ordinateurs d’Alstom ne peuvent pas enregistrer de dates postérieures au 19 janvier 2038 à 3h14 et 7 secondes. Au-delà de cette barre temporelle, ils partiront en vrille.
Ce bug informatique créera un véritable chaos dans les transports en Île-de-France
Les rames du métro parisien posées par Alstom depuis des décennies reposent sur des systèmes en 32 bits, qui calculent la date du calendrier à partir d’une année 0 fixée au 1er janvier 1970. Ainsi, la date affichée par les ordinateurs correspond au résultat de l’ajout du nombre de secondes écoulées au 1er janvier 1970. Ce nombre est bloqué à 2.147.483.647 secondes.
Par conséquent, le compteur devrait s’arrêter le 19 janvier 2038 à 3h14 et 7 secondes précises, puis se réinitialisera au 13 décembre 1901 à 20h45 environ. Ce qui provoquera des dysfonctionnements graves sur le réseau ferroviaire parisien. Quand on sait que plus d’un million de voyageurs empruntent le RER A (le plus fréquenté d’Europe) et le métro parisien chaque jour, on peut aisément imaginer le chaos qui surviendra dans les transports franciliens.
Alstom doit passer à l’encodage en 64 bits
Pour éviter cette catastrophe, aussi appelée « bogue POSIX », Alstom doit passer à l’encodage en 64 bits. En stockant la date sur un entier en 64 bits, le groupe peut monter jusqu’à 292 milliards d’années (l’an 292 277 026 596 pour être précis).
C’est un temps long. Avant qu’on en arrive à cette époque l’humanité aura peut-être déjà trouvé de nouveaux moyens de déplacement ou aura d’autres préoccupations, par exemple la vie sur Mars quand la Terre sera devenue invivable. Mais, s’il devait advenir, ce changement de systèmes pourrait altérer les logiciels et provoquer une autre panne plus cataclysmique.
Ce bug informatique pourrait concerner des réseaux ferroviaires dans d’autres pays
Quoiqu’il en soit, le tribunal administratif de Paris donne cinq ans à Alstom pour réparer sa bêtise, avec un calendrier serré (un état des lieux doit être fait d’ici un an). Le moindre mois de retard coûtera cher au géant ferroviaire, avec une amende prévue de 100 000 euros. Si rien n’est réglé après cette limite, la somme montera à un million d’euros par mois.
Alstom compte faire appel de cette décision et dit ne pas vouloir réagir sur le fond à ce stade de la procédure. Notons que cette panne pourrait concerner d’autres pays. En effet, entre 1989 et 2014, l’industriel français a équipé des dizaines de réseaux à travers le monde. Ainsi, en plus de la RATP, d’autres opérateurs à l’étranger pourraient découvrir que leurs matériels souffrent du même mal.






