Alors que la municipalité marseillaise compte doter la ville d’un algorithme d’analyse des données urbaines capable d’anticiper les troubles à l’ordre public – et cela dès 2018 – la CNIL a annoncé s’être saisie du dossier afin de vérifier la viabilité de ce projet. Notamment en ce qui concerne l’épineuse problématique de la protection des données personnelles.
L’information, révélée par Le Monde en décembre dernier, est tout sauf anodine. La cité phocéenne entend passer un cap dans sa smartisation en développant « un outil d’analyse garantissant de manière plus efficace la sécurité et (la quiétude) de ses citoyens ». Baptisé « Observatoire de la tranquillité publique », ce centre de supervision marquera ainsi une grande première pour les métropoles françaises en se muant en véritable big data du genre.
Et pour cause, cette innovation recueillera l’ensemble des données publiques disponibles : mains courantes, captations des caméras de surveillance, données météorologiques, informations relevées par les marins-pompiers ou les agents des espaces verts…
Par la suite, « l’outil développé par Ineo Digital, filiale d’Engie, analysera ces informations et les croisera avec d’autres données, comme celles des opérateurs de téléphonie mobile, des transport publics ou encore de l’AP-HM (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille). Et cela, afin de mieux anticiper les risques. »
Quid de la protection des données ?
Pour autant, la question de l’anonymisation des données se pose dans la même temps, au regard d’un article publié aujourd’hui par le site Next Impact. Le média soutient en effet que la CNIL, chargée entre autres de veiller à la protection de ce flot d’informations, n’a pas été sollicitée par la mairie « pour une quelconque déclaration ou demande d’autorisation sur ce projet ». Pire, la Commission nationale de l’informatique et des libertés a annoncé qu’elle s’était elle-même saisie de cette affaire « à la suite d’articles parus dans la presse ». Troublant, vous en conviendrez.
Egalement contactée par Next Impact, Caroline Pozmentier, adjointe au maire, déléguée à la sécurité publique et la prévention de la délinquance, a néanmoins tenu à tuer dans l’œuf toute soupçon d’irrégularité sur ce dossier : « Je suis particulièrement attachée à la protection des données personnelles. Marseille n’a pas à rougir en la matière. Et la CNIL n’est jamais très loin », a-t-elle ainsi plaidé. Avant de confirmer que la ville travaillait « avec la CNIL dans le respect strict du référentiel de recommandations que nous appliquons déjà pour notre système de vidéoprotection ».