Smombies : doit-on créer des voies spéciales pour les piétons absorbés par leurs smartphones ?

Depuis quelques années, le phénomène des « smombies », ou personnes absorbées par leurs smartphones, prend de l’ampleur dans nos villes, avec les risques qui vont avec comme les accidents. Ce fléau oblige les autorités à repenser l’aménagement urbain. Mais pour certains, c’est une façon d’encourager ce comportement dangereux.
Lancé véritablement en 2007 avec l’iPhone d’Apple, le smartphone est aujourd’hui un appareil incontournable dans nos sociétés hyperconnectées. On l’utilise au quotidien pour lancer et recevoir des appels, écrire des messages, envoyer des e-mails, naviguer sur les réseaux sociaux, prendre des selfies, jouer des jeux et même travailler. Mais certains adorent tellement cet appareil qu’ils en sont devenus des obsédés. Ils marchent désormais dans la rue la tête tout le temps baisée sur leur écran.
C’est devenu commun d’être scotché sur son téléphone, même en marchant dans la rue
On appelle ces personnes des « smombies », mot dérivé de « zombies » et de « smartphones ». Ces piétons absorbés par leurs téléphones ne sont que le reflet d’une transformation profonde de nos modes de vie urbains, caractérisés par une omniprésence du numérique. Mais ce comportement n’est pas sans danger pour l’utilisateur dans l’espace public. En effet, le nombre d’accidents impliquant des smombies ne cesse de progresser d’année en année dans le monde. Aux États-Unis, par exemple, 6000 personnes ont perdu la vie en 2018 en essayant de se prendre en selfie dans la rue, un record depuis 1990.
Des villes revoient leur aménagement pour les smombies
Face à ces drames, certaines villes ont revu leur aménagement urbain pour offrir plus de sécurité aux piétons et plus spécifiquement aux « smombies ». C’est le cas de Bodegraven, aux Pays-Bas. Comme le trottoir n’est plus totalement sûr pour eux (bousculade, dérapage de voiture, etc.), à cause de leur manque d’attention, la ville a introduit un système de signalisation novateur. En plus des feux de piétons, elle a installé des bandes lumineuses sur les trottoirs pour aider les smombies à traverser les rues sans lever les yeux de leur téléphone.
Les smombies bénéficient de leurs propres infrastructures en Chine
Dans certaines villes de Chine, pays très techno, les smombies bénéficient aussi de leurs propres infrastructures. Il y a notamment des voies réservées aux personnes sur leur smartphone. En France, il n’y a rien de prévu pour eux, hormis la sensibilisation. Les autorités françaises ne souhaitent pas encourager ce comportement dangereux en proposant des voies et une signalétique spéciales. Elles préfèrent mener des campagnes de prévention.
Des « zones sans smartphone » dans certains lieux publics en France
Ces opérations se sont multipliées ces dernières années, mettant l’accent sur les risques liés à l’utilisation du smartphone en marchant. L’objectif est d’inciter les citoyens à adopter des comportements plus responsables dans l’espace public. Parallèlement, des initiatives citoyennes émergent comme des « zones sans smartphone » dans certains lieux publics ou des applications de « digital detox » qui connaissent un succès grandissant.
Honolulu ne veut pas de smombies
Certaines villes adoptent des solutions plus radicales. Honolulu, par exemple, a décidé d’interdire aux piétons de regarder leur téléphone en traversant la route. Cette mesure vise à rappeler aux gens que la vie est trop courte et trop belle pour passer tout son temps sur son smartphone. Les habitants sont invités à profiter du réel, de l’environnement urbain qui les entoure. Cet environnement est d’ailleurs également très numérisé avec de grandes façades publicitaires, des jeux de lumière et des vitrines en display notamment. Bref, tout mur devient un grand écran…