Vote de confiance : une fuite en avant de François Bayrou ?

Un peu à la surprise générale, le Premier ministre François Bayrou a annoncé lundi dans l’après-midi un vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre autour de son budget et de sa politique. En cas de vote négatif, il devrait remettre sa démission au président de la République et proposer la dissolution de son gouvernement. Pour Marine Tondelier, secrétaire nationale des Verts, cette décision ressemble à une fuite en avant du locataire de Matignon, face à la journée d’action prévue dans toute la France le 10 septembre.
Le lundi 25 août, François Bayrou a donné une conférence de presse pour revenir sur sa politique budgétaire, très critiquée depuis sa présentation en juillet dernier. Le Premier ministre a souligné à nouveau l’urgence des mesures annoncées pour atteindre les 44 milliards d’euros d’économies et réduire le déficit public, ainsi que la dette française. Parmi ces mesures impopulaires figurent une année blanche fiscale, le gel des pensions et prestations sociales et la suppression de deux jours fériés.
Vers une paralysie de la France le 10 septembre
« Notre pays est en danger car nous sommes au bord du surendettement », a plaidé François Bayrou lundi, en rappelant que la dette concerne chaque Français, après les efforts effectués lors du Covid et de l’inflation notamment. Il assure que « cette année, la dette sera le budget le plus important ». Le chef du gouvernement confirme ainsi qu’il n’entend pas reculer sur son plan d’économie, alors que la colère gronde.
En effet, à l’initiative du mouvement souverainiste « Les Essentiels », les partis politiques, syndicats et associations de citoyens prévoient une grande journée d’action le 10 septembre, baptisée « Bloquons tout le 10 septembre ». Cette grève générale vise à exprimer l’opposition des Français au plan d’économie et à la politique budgétaire de Bayrou.
Tous les partis annoncent voter contre la confiance à François Bayrou
Alors que tout porte à croire que la France entière sera paralysée dans deux semaines, François Bayrou a demandé lundi un vote de confiance au Parlement, le lundi 8 septembre, à l’occasion d’une session extraordinaire. Objectif : mettre sa légitimité ainsi que celle de son gouvernement en jeu. En cas de vote négatif, la Constitution prévoit qu’il remette au président de la République sa démission. C’est tout ce qu’attend LFI, très impliqué dans l’appel du 10 septembre.
Le parti de Jean-Luc Mélenchon a déjà indiqué qu’il voterait contre la confiance à Bayrou. Les Verts et le PCF ont également annoncé qu’ils sanctionneraient le gouvernement. Idem pour le RN et le PS, dont les déclarations ne convainquent pas forcément. Ces formations politiques ont habitué les Français, ces derniers mois, à soutenir Bayrou ou à s’abstenir de toute censure.
« François Bayrou se fait hara-kiri tout seul »
Comme les Insoumis, les Écologistes sont ceux qui souhaitent le plus la dissolution du gouvernement actuel. « En cas de nouvelle dissolution nous sommes prêts (à gouverner) », assure leur secrétaire nationale Marine Tondelier. La conseillère régionale des Hauts-de-France précise que ce ne sont pas les Verts qui ont « organisé la chute de François Bayrou » et qu’« il se fait hara-kiri tout seul ». Si le Premier ministre se dirige tout seul vers le précipice, affirme Marine Tondelier, les siens lui faciliteront la tâche en l’y poussant. La cheffe de file des Écologistes a quand même l’impression que François Bayrou veut « partir en héros incompris », alors que « de fait, cette demande de confiance c’est une démission ».
La gauche réclame de prendre la tête du gouvernement
Ne croyant pas qu’il souhaite démissionner pour se préparer à la présidentielle de 2027, Marine Tondelier soupçonne François Bayrou de vouloir « anticiper les mouvements du 10 septembre qui s’annoncent houleux ». Selon elle, le Premier ministre s’avoue vaincu avant l’heure, craignant une humiliation le jour de la grève générale.
Bayrou souhaiterait partir par la « grande porte », sous les coups de souliers des parlementaires, plutôt que sous les coups de tongs du peuple. Pour Marine Tondelier, peu importe, tant que ce gouvernement est dissout. La gauche espère ensuite prendre la tête de la nouvelle équipe, pour avoir empêché le RN de prendre le pouvoir à l’été 2024, quand elle a formé une alliance avec la majorité présidentielle au second tour des législatives.