La startup strasbourgeoise Woodlight a présenté fin septembre une plante bioluminescente qui pourrait révolutionner l’éclairage public. Ce végétal, un tabac pour l’instant, a été modifié génétiquement pour produire de la lumière verte sur demande grâce à une molécule activatrice. Il pourrait être placé dans des parcs et des ruelles.
Ce n’est pas de la science-fiction du type Avatar, mais bien de la réalité. Au Havre, la startup strasbourgeoise Woodlight a présenté fin septembre sa première « plante bioluminescente », une alternative naturelle à l’éclairage public polluant.
Des plantes bioluminescentes comme alternatives aux lampadaires LED
En France, l’éclairage public émettrait jusqu’à 670 millions de kg de CO2 par an. Un chiffre problématique pour un pays engagé dans la transition énergétique. Mais ce n’est pas tout. Les lampadaires LED représentent aussi une menace pour la biodiversité. En effet, ils ont un impact négatif sur les chenilles, en raison de leur lumière blanche qui ressemble davantage à celle du jour. Les chenilles étant habituées à vivre dans le noir, cela leur pose problème.
Des chercheurs britanniques ont ainsi constaté une réduction importante du nombre de papillons dans nos villes. Or ces insectes sont d’importants pollinisateurs et représentent une nourriture essentielle pour les oiseaux et les chauves-souris. Leur déclin entraînerait donc celui de ces animaux. Woodlight souhaite prévenir cette catastrophe.
Woodlight imagine de nombreuses applications extérieures
Les fondateurs de la startup strasbourgeoise, Rose-Marie et Ghislain Auclair, se sont inspirés de modèles naturels pour fabriquer leur plante bioluminescente. Ils ont pris l’exemple sur les lucioles, qui produisent et émettent leur propre lumière. Le couple de biologistes a su transposer ce phénomène de bioluminescence à des plantes rendues infertiles, grâce à des manipulations génétiques.
Leurs premiers prototypes ont besoin d’une molécule activatrice pour produire de la lumière verte, plus naturelle pour les insectes, sur une durée donnée. Ils mesurent une dizaine de centimètres. Ces plantes lumineuses pourraient servir à l’éclairage d’espaces extérieurs, comme les parcs et jardins publics, les ruelles et les pistes cyclables.
D’autres variétés de plantes visées, hormis le tabac
On peut aussi imaginer des applications dans le design intérieur, pour des restaurants et des hôtels, ou une utilisation domestique dans la décoration. Pour l’espace public, les plantes bioluminescentes pourraient remplacer des éclairages trop puissants. « On est plus sur du balisage. Je ne pense qu’elles seront capables de remplacer les lampadaires, mais il ne faut jamais dire jamais », a déclaré Ghislain Auclair, cofondateur de Woodlight.
Actuellement, la startup utilise le tabac comme plante expérimentale. Chez les végétaux, le tabac serait l’équivalent de la souris chez les mammifères. Ghislain Auclair promet toutefois de travailler sur d’autres variétés, telles que les orchidées, les plantes ornementales d’intérieurs et bien d’autres variétés faciles à mettre en lumière. Son épouse et lui souhaitent aussi rendre leurs plantes autonomes afin qu’elles grandissent naturellement.
Woodlight compte expérimenter ses plantes luminescentes d’ici fin 2025
Woodlight met en avant plusieurs avantages de ses végétaux lumineux. L’entreprise relève d’abord que ceux-ci ne salissent pas l’espace public avec des graines car stériles. Ensuite, elle note l’émission d’une lumière douce et naturelle, qui ne perturbe pas les insectes de nuit, et donc ne nuit pas à la biodiversité. En outre, sa plante serait écologique car 100 % recyclable, sans consommation d’énergie et sans émissions de CO2.
Woodlight prévoit d’expérimenter ses plantes luminescentes d’ici 2025, dans l’espace public de villes intéressées par le projet. Beaucoup de communes le seraient déjà. Et même de grands groupes auraient contacté la jeune pousse, en France comme à l’étranger. « Le marché est immense », souligne Ghislain Auclair. Mais avant, la startup doit définir les besoins de ce marché avec ses partenaires industriels et les investisseurs.