Analyser, construire un réseau et fluidifier le trafic routier, telle est la vocation du Projet Toast, développé au sein de l’Université de technologie de Troyes (UTT) en coopération avec l’Université Clermont-Auvergne, et financé en partie par le dispositif INNOV’ACTION de la région Champagne-Ardenne. Un outil que le chef-lieu de l’Aube va expérimenter très prochainement afin de pouvoir anticiper et traiter les contraintes auxquelles sont soumis quotidiennement ses automobilistes.
Christophe Duhamel (Université Clermont-Auvergne), Andréa Santos Duhamel (Université de Technologie de Troyes) et Frédéric Guenin (Régulation du trafic de Troyes Champagne Métropole) nous présentent les spécificités de cette solution unique en son genre, classée deuxième du Prix européen d’innovation Smart Cities dans la catégorie mobilité urbaine, décernée à Lyon au début du mois.
Cityramag : Pourquoi avoir opté pour la ville de Troyes pour la phase test de Toast ?
Team Toast : Nous sommes encore en phase d’expérimentation (jusqu’en octobre 2018), mais Troyes reste idéale pour peaufiner notre projet en raison de sa taille moyenne avec environ 6000 rues, où il est plus facile de sectoriser pour dégager un échantillon test révélateur. Une capitale telle que Paris compliquerait largement cette phase préliminaire.
Cityramag : Concrètement, quel va être l’impact de cette solution à l’échelle de la ville ?
Team Toast : Notre but est de gérer avec efficience les réseaux de transport urbain locaux en s’appuyant sur l’ensemble des axes routiers de la ville ainsi que sur la base des arrêtés à laquelle nous sommes constamment connectés.
De ce fait, les zones de travaux, les incidents, ou tout autre obstacle ponctuel, comme une manifestation par exemple, pousseront notre moteur de calcul, intitulé Toast, à reconfigurer une partie du réseau par l’intermédiaire d’algorithmes. Cela permettra en conséquence de dissuader les usagers (via une appli smartphone) d’emprunter certains itinéraires susceptibles de s’engorger très rapidement, à l’image de zones touristiques. Parallèlement, nous pourrons repenser le système d’implantation des voies douces et de localisation des voies dynamiques.
L’objectif étant très clairement d’être prêt lorsque le Tour de France traversera notre cité cet été. La ville sera littéralement coupée en deux et cela engendrera ainsi un véritable défi grandeur nature pour nous.
Cityramag : Cette solution innovante se rapproche-t-elle du fonctionnement d’un GPS ?
Team Toast : Celle-ci viendrait plutôt s’imbriquer sur le rôle d’un GPS classique, qui lui ne prend pas en compte les impondérables que nous avons cités précédemment, ni de connaître le nombre de véhicules présents sur les axes routiers à l’instant T. Ces données nous sont transmises par le PC Régulation du trafic troyen.
Un GPS n’offre en conséquence aucune information sur des itinéraires de délestage potentiels, c’est là que nous intervenons en favorisant la réactivité. Mais au final, ces deux outils demeurent pleinement complémentaires.
Cityramag : La réputation du projet Toast commence-t-elle à franchir les frontières de l’Aube ? D’autres municipalités ont-elles fait part de leur intérêt ?
Team Toast : Des équipes du PC Régulation de Strasbourg, Metz et Toulouse se sont en effet montrées intéressées et ont choisi de collaborer avec nous. Nous partons du principe qu’il est plus efficace de « partager la matière grise » et de se confronter à d’autres problématiques afin d’atteindre une efficacité optimum. Il serait donc dommage de se priver de cette culture commune.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo