Créée en 2014, la start-up aixoise Qista (SAS Techno Bam) s’est engouffrée dans une niche peu exploitée : la lutte éco-responsable contre les moustiques. Autrement dit sans insecticide. Aujourd’hui chacun y trouve son compte, à l’image des sphères publique et privé en passant par les particuliers.
Simon Lillamand, cofondateur de la structure revient pour Cityramag sur cette ascension fulgurante au sein de la green economy.
Cityramag : Pouvez-vous s’il vous plaît revenir sur la genèse du projet Qista :
S.L : Tout a commencé en 2012 un peu par hasard lorsque mon associé Pierre Bellagambi consulte un rapport de l’institut de recherche Tour du Valat axé sur les conséquences néfastes des opérations de démoustication par larvicide sur la faune insectivore camarguaise. Devant ce constat implacable, nous avons décidé de lancer une solution responsable à même de traiter la menace sans perturber l’éco-système environnant.
Cityramag : Comment fonctionne votre solution ?
S.L : Nos recherches ont abouti au bout de deux années et plusieurs essais concluants. Notre système (breveté en 2014) fonctionne par l’intermédiaire de bornes calibrées pour piéger les moustiques et tout particulièrement les femelles (qui possèdent de longues pièces buccales en forme de trompe rigide de type piqueur-suceur).
Concrètement, la machine simule une respiration humaine à même d’attirer « nos proies », et cela en diffusant du CO2. On peut ainsi comparer cette technique à un leurre olfactif. Celle-ci fut testée avec succès pour la première fois en 2015 à Sambuc, un village de Camargue.
Cityramag : Justement, quels ont été les bénéfices enregistrés par la municipalité ?
S.L : Avec les 16 bornes placées à la lisière du site, les résultats ont été plus que probants avec une diminution des nuisances liées aux moustiques de l’ordre de 88% sur l’ensemble de la zone. Mais ce n’est pas tout, puisque la faune insectivore environnante a pu parallèlement prospérer en toute quiétude, évitant donc tout risque de déséquilibre.
Autre anecdote intéressante, l’école primaire de Sambuc fut la seule de la région à continuer d’ouvrir sa cour de récréation grâce aux bornes Qista.
« Il y a un an nous étions 2, aujourd’hui nous sommes 7 ! »
Cityramag : Parlez-nous de votre modèle économique. Quels sont vos cibles clientes et les prix que vous pratiquez ?
S.L : Nous intervenons essentiellement avec les collectivités ainsi que les entreprises de tourisme qui souffrent énormément des ravages liés aux moustiques. Les particuliers se montrent également très intéressés par notre concept.
Actuellement, nous travaillons main dans la main avec des villes comme Marseille ou encore Monaco. Au niveau des prestataires touristiques, nos clients se félicitent des bienfaits rapides dont ils bénéficient, à l’image des campings.
La réduction des moustiques dans leur zone commerciale influe directement l’expérience de leurs vacanciers, et de facto, leurs commentaires sur des mastodontes tels que TripAdvisor qui font et défont la réputation d’organismes. Quant aux particuliers, ils peuvent recharger leur(s) borne(s) en toute autonomie ou compter sur le passage d’un technicien à domicile.
En ce qui concerne les prix que nous pratiquons, ils sont largement détaillés sur notre site Internet, mais pour résumer une borne est commercialisée au prix de 990 euros; cette dernière comprenant à l’achat 10 kilos de gaz CO2, un leurre moustique tigre et un leurre moustique traditionnel.
Cityramag : Avez-vous noué des contacts avec des investisseurs importants ?
S.L : En effet, nous avons convaincu BPI France de nous accorder une subvention de 30 000 euros. En ce qui concerne la sphère privé, nous avons signé un partenariat en juillet 2017 avec Thierry Dassault Holding et Air Liquide France pour un investissement total de 500 000 euros dans le capital de la start-up. Aujourd’hui, nous employons 7 personnes alors que nous n’étions que 2 il y a un an. Notre ascension est donc saine et progressive.
Cityramag : Pour finir, comptez-vous prolonger votre rayonnement à l’international ?
S.L : Sans aucun doute, nous partons d’ailleurs prochainement au Canada pour installer des bornes sur un camping d’envergure; une opportunité qui a été permise par notre belle prestation lors d’un récent salon américain spécialisé dans l’environnement.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo