Lutter contre la fraude au compteur kilométrique et identifier les véhicules qui ne remplissent pas toutes les conditions de sécurité, tel est le but poursuivi par la start-up, Certificare, dont l’envol est prévu pour juin 2018. Son fondateur, Bruno Nédélec, revient pour Cityramag sur les dessous de cette aventure.
Cityramag : Bruno, pouvez-vous revenir s’il vous plaît sur la genèse du projet Certificare.
Bruno Nédélec : Auparavant, j’ai travaillé à Renault durant 19 ans dans la structuration avec des responsabilités européennes. Fort de cette expérience, j’ai pu m’apercevoir que le marché de l’occasion était opaque et peu sécurisé. Il fallait donc absolument le remettre en ordre.
Cityramag : Comment procédez-vous ?
B. Nédélec : La solution Certificare permet d’effectuer une traçabilité efficace des véhicules grâce au numéro de la plaque d’immatriculation ou du châssis (numéros référencés sur le site du ministère de l’Intérieur). A partir de là, il est possible de procéder à une analyse du kilométrage à même de déterminer si les informations inhérentes au véhicule d’occasion en vente tiennent la route ou non. Mais aussi de détecter si ce dernier est hors d’usage.
Et il y en a plus que l’on croît sur le territoire français (entre 500 000 et un million selon les estimations des experts.). Quant à la fraude, elle est également très présente à hauteur de 10 à 15% ; une fourchette particulièrement préoccupante puisque le prix d’un véhicule peut-être surévalué de 25 % dans certains cas. Néanmoins, l’Hexagone demeure plutôt bien loti sur la question en comparaison avec l’Europe de l’Est, par exemple, où le phénomène touche 80 % des véhicules.
En conséquence, notre volonté est de mettre fin aux abus en France en mettant en place un cahier digital regroupant les données d’entretien. Ce système permet de façonner un véritable état des lieux du véhicule. L’acheteur saura ainsi précisément les travaux restant à faire, et sa sécurité en sera d’autant plus renforcée. Par ailleurs, il est important de noter qu’une meilleure maîtrise du flux de véhicules existants aura obligatoirement des répercussions positives sur l’environnement.
« En France, il existe encore trop de failles dans le système »
Cityramag : Vous vous êtes donc lancé dans un véritable marché de niche .
B. Nédélec : On est les pionniers en France dans ce domaine alors qu’en Belgique, par exemple, il existe déjà une solution similaire nommée Car Pass permettant de faire remonter toutes ces données et de les rendre accessibles facilement. Dans notre pays, il existe encore trop de failles dans le système. 40% des véhicules hors d’usage échappent en effet à la filière agréée. Le plus souvent, les casses sont responsables de leur remise sur le marché. Et cela, en ne suivant pas les recommandations des assurances qui estiment qu’ils ne doivent plus rouler et qu’ils doivent passer par la case destruction.
De notre côté, nous nous focalisons pour l’instant sur les aspects liés à la sécurité routière et au respect de l’environnement car nous manipulons des données sensibles. L’utilisation de ce concept doit nécessairement être précautionneuse pour qu’il soit utile. Tout cela demande donc du temps. Pour autant, à terme, nous avons aussi pour objectif de travailler sur la détection des fraudes liées aux cartes grises et plaques d’immatriculation qui ne sont pas en règle.
Cityramag : Qu’en est-il de votre modèle économique ?
B. Nédélec : C’est très simple, nous vendons des rapports sur les véhicules sur lesquels nous sommes interrogés. Nous avons amorcé des partenariats en ce sens avec des concessionnaires ainsi que des groupes de distribution. Quant à nos tarifs, ils oscillent entre 10 et 15 euros.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo