Seuls ports français présents dans le top 10 européen, Marseille et Le Havre doivent obligatoirement développer leur politique de smartisation pour concurrencer les mastodontes du Vieux Continent que sont Hambourg et Rotterdam.
« Marseille et Le Havre ont lancé d’ambitieux projets de développement de solutions intelligentes pour leurs ports afin de continuer à accueillir des marchandises venues du monde entier. Le transport maritime est en effet un secteur en pleine mutation et en plein essor : après avoir connu un ralentissement, il est reparti à la hausse, pour dépasser en 2014, les 10 milliards de tonnes de marchandises transportées en un an – ce qui représente, aujourd’hui, 80% du commerce international en volume et 70% en valeur. »
Relayé par le site Smart Grids, cet état des lieux du commerce portuaire planétaire attise naturellement les convoitises. Un marché que l’Hexagone compte gravir au plus vite via ses deux fleurons domestiques.
Et à l’heure où la problématique environnementale bat son plein (Cop 21), les ports devront nécessairement accomplir une mutation écologique de rigueur pour séduire une clientèle toujours plus pointilleuse. Car, « les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime représentent à elles seules 2,5% du total mondial ». Sachant que ce chiffre devrait doubler d’ici 2050 sans une politique dédiée cohérente.
Pour autant, cet aspect au combien important s’accompagne logiquement d’une course à l’armement technologique des ports qui souhaitent poser une empreinte significative sur un secteur toujours plus concurrentiel.
Un postulat que le directeur adjoint du port du Havre, Baptiste Maurand, adoube sans sourciller : « Si l’accessibilité maritime et terrestre restent des critères qui font que l’on fait plus confiance à un port qu’à un autre, la dimension smart port devient critique », confirme ainsi l’intéressé auprès du JDN.
Des innovations en pagaille
Le développement de l’IoT, la mise en place de conteneurs connectés et la numérisation des plans de fonds de mer font dès lors partie des expérimentations sur lesquelles planchent les structures phocéenne et havraise, poursuit le média :
« Grâce à l’arrivée de l’intelligence artificielle et celle de l’IoT , les transporteurs pourront connaître l’état de la zone et donc le temps qu’ils vont y passer, via une application pour smartphone et tablette qui sera mise en service cette année », explique Frédéric Dagnet, directeur de la mission prospective et évaluations du port de Marseille-Fos. « Un système de rendez-vous existe déjà, mais il ne prend pas en compte les imprévus. Si le transporteur vient à l’heure alors qu’un accident retarde tout de deux heures, il perd forcément son temps »
Autre initiative (intéressant également Le Havre), les conteneurs connectés : « Ces derniers sont désormais localisables avec précision dans le port et alerter leur propriétaire en cas de choc. Cet (aspect) millimétré permet aussi d’optimiser leur gestion en repérant ceux qui sont vides ».
Le port du Havre, de son côté, planche actuellement sur un système de numérisation des plans de fonds de mer afin d’informer efficacement les navires des zones à scrupuleusement éviter, sous peine de fâcheux accidents : « Nous allons numériser ces plans, les mettre à jour systématiquement et les rendre accessibles à nos clients en temps réel », ajoute B. Maurand.
Sans surprise, ces mesures s’avèrent indispensables pour tenir la dragée haute à Rotterdam, par exemple. Et pour cause, « (la structure) a signé fin janvier un partenariat pluriannuel avec IBM pour connecter l’ensemble du port : des centaines de capteurs vont donc (voir le jour), remontant des informations sur un tableau unique qui proposera des données en temps réel sur la météo, les courants, le niveau de l’eau, ou encore les disponibilités d’amarrage », relève Smart Grids.
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