A l’occasion de la publication de la 14e édition du baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi, la Défenseure des droits, Claire Hédon, alerte quant à une surexposition de la jeunesse aux discriminations dans l’emploi.
D’après l’enquête menée avec l’Organisation internationale du travail (OIT) auprès d’un échantillon représentatif de la population de jeunes actifs de 18 à 34 ans (3201 personnes), plus d’un jeune sur trois rapporte avoir vécu une situation de discrimination ou de harcèlement discriminatoire dans le cadre de sa recherche d’emploi ou de sa carrière, contre une personne sur cinq en population générale.
Les critères de discriminations les plus cités sont : le sexe, l’âge, l’apparence physique et l’origine. Le baromètre révèle ainsi une perception aigüe des discriminations chez les jeunes, qui se fonde en partie sur ce qu’ils ont pu observer au début de leur vie active. Aussi, un jeune sur deux déclare avoir été témoin au moins une fois de discrimination ou de harcèlement discriminatoire dans le cadre de son activité professionnelle.
Un continuum d’attitudes hostile
Dans un contexte de flexibilisation du travail et de forte précarité sociale des jeunes, ces discriminations s’inscrivent dès lors dans un continuum d’attitudes hostiles, allant de propos et comportements stigmatisant à tout un éventail de situations de dévalorisation professionnelles. Ces micro-agressions peuvent d’ailleurs se doubler d’incitations ou de pressions illicites de la part de l’employeur.
En France, près de la moitié des jeunes rapportent avoir déjà subi une incitation lors d’un entretien à modifier leur apparence ou adopter un certain comportement. Au total, 60% des jeunes disent avoir déjà été confrontés à des propos stigmatisant ou des exigences discriminatoires lors d’un entretien.
Un recours trop faible à leurs droits
Si plus de la moitié des jeunes victimes de discrimination ont entrepris des démarches à la suite des faits, plus de quatre jeunes sur dix n’ont rien dit, et principalement les femmes. Pourtant, les discriminations produisent des effets durables et délétères sur la carrière, la santé et les relations sociales de ces jeunes, catégorie de la population particulièrement touchée par la crise sanitaire.
Les discriminations vécues génèrent également une perte de confiance dans l’avenir professionnel. Par ailleurs, elles s’étendent au-delà du domaine de l’emploi, et se conjuguent avec celles subies dans d’autres sphères de la vie sociale.
La discrimination peut constituer pour certains jeunes une expérience douloureuse qui entrave leurs accès à de nombreux droits : l’accès au logement (13%), aux loisirs (13%), et aux administrations et services publics (10%).
Antidiscriminations.fr : un dispositif de réponse dédié aux victimes de discriminations
Lancée le 12 février 2021 par la Défenseure des droits, la plateforme antidiscriminations.fr, dispositif de réponse dédié aux victimes de discriminations, est doté d’un numéro de téléphone : 3928, et un module de tchat en ligne.
A ce titre, la Défenseure des droits recommande notamment aux employeurs publics et privés :
- de mettre en œuvre une phase de diagnostic et d’enquête au sein de l’organisation pour mieux identifier les risques discriminatoires à l’encontre des jeunes salariés
- d’élaborer des actions de prévention et de lutte contre les discriminations et de prévoir des mesures spécifiques ciblant les jeunes actifs
- d’interroger l’ensemble des processus et critères de décision en matière de ressources humaines tout en informant et sensibilisant l’ensemble du personnel à la non discriminations
« L’expérience répétée des discriminations a des conséquences délétères et durables sur les parcours individuels, mine la cohésion de la société française et la confiance de notre jeunesse dans la promesse d’égalité. C’est un des axes de travail majeur de mon mandat ». Claire Hédon, Défenseure des droits.
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