Lyon va expérimenter dès cet été une maîtrise des pics de chaleur en ville en s’appuyant sur une irrigation renforcée des arbres plantés dans les rues. Une première sans équivalent qui pourrait apporter une réponse satisfaisante à la montée spectaculaire des températures prévues dans les grandes agglomérations d’ici la fin du siècle.
Créer des climatiseurs naturels grâce aux arbres, voilà comment pourrait se résumer l’expérimentation qui est en train d’être menée dans les rues de Lyon. Et pour cela, la ville du Rhône mise sur l’humidité dégagée par les platanes et autres chênes qui jalonnent certaines de ses grandes avenues. En l’occurrence, l’expérimentation sera réalisée dans la rue Garibaldi, fraîchement réaménagée. De la fraîcheur, c’est justement ce que vise à mettre en lumière ce test qui débute dès cet été et qui se poursuivra durant l’été 2018 également.
La question est de savoir s’il est possible de juguler sinon de maîtriser le plus possible les pics de chaleur en ville qui rendent les rues étouffantes et entraînent même dans certains cas de sérieux troubles sur la santé. La ville de Lyon s’appuie sur une étude parue dans la revue Nature Climate Change pour justifier sa démarche. Selon elle, les villes les plus peuplées du monde ont de très fortes (mal)chances de subir une hausse des températures moyenne de l’ordre de +8°C d’ici la fin du siècle. Aussi, pour préparer l’avenir, la ville de Lyon examine de près la corrélation entre apport supplémentaire en eau et baisse des températures. En somme : est-ce qu’un surcroît d’eau permettrait aux arbres de dégager plus de fraîcheur autour d’eux ?
Des capteurs sous les arbres
Des capteurs ont ainsi été tout récemment installés en-dessous des platanes de la rue Garibaldi à titre expérimental afin de pouvoir attester ou non du fait qu’une irrigation renforcée permet de générer plus de fraîcheur, et donc de faire baisser quelque peu la température alentour. On sait déjà que dans un jardin, une pelouse régulièrement arrosée en été apporte 20% d’humidité en plus. Lyon veut savoir si les arbres peuvent reproduire ce même schéma avec autant d’efficacité.
Et pour apporter ce surplus d’eau d’arrosage, la ville ne va puiser ni dans les ressources en eau potable ni dans la nappe phréatique. Les ressources naturelles seront bel et bien préservées puisqu’une collecte massive des eaux pluviales a été effectuée au cours de l’hiver dernier et a permis de constituer des stocks souterrains spécialement prévus pour l’opération.
Lyon se donne ainsi deux ans pour expérimenter grandeur nature ce concept aussi simple qu’ingénieux qui fait penser à celui testé à Nevers. Deux années au terme lesquelles les capteurs installés donneront leur verdict. Il y a fort à parier que l’opération soit un succès et que d’autres villes la reprennent à leur compte.