Réhabiliter des sites urbains abandonnés pour les transformer en écosystèmes agricoles tel est le leitmotiv de la start-up, Cycloponics, créée en 2016 par Jean-Noel Gertz. Si l’aventure a débuté à Strasbourg dans un bunker de la seconde guerre mondiale, l’épopée de la jeune pousse se poursuit à Paris, et bientôt à Bordeaux et Grenoble. Nicolas Necker, son business developper, revient pour Cityramag sur un concept plus que singulier.
Cityramag : Pouvez-vous s’il vous plaît évoquer la genèse du projet Cycloponics :
N.N : A la base, toute l’équipe dégage des valeurs éco-responsables très prégnantes. Produire mieux, pour consommer mieux, est un adage que l’on vit à 200%. Nous souhaitons vraiment se réapproprier l’agriculture. Initialement, nous visions plutôt une culture sur toit, mais face aux prix exorbitants du marché, nous nous sommes tournés vers des lieux abandonnés pour mener à bien notre projet. C’est le cas à Strasbourg avec ce bunker allemand désaffecté mais également à Paris dans un ancien parking. Dans ces lieux, la température et l’humidité sont stables et propices au développement des légumes. Quant à la lumière, elle représente un avantage indéniable puisque nous pouvons la contrôler. Cette configuration nous permet ainsi de faire fructifier un circuit ultra-court de distribution.
Cityramag : Vous êtes-vous axés uniquement sur le B2B ou le B2C fait aussi partie du modèle économique de l’entreprise ?
N.N : Pour le moment, nous bossons essentiellement avec des grossistes. Mais de nombreux restaurants ont également été séduits par notre concept. Toutes nos livraisons se font par ailleurs à vélo, ce qui colle parfaitement à nos aspirations. Au niveau des particuliers, nous ne faisons pas encore de ventes directes. Toutefois, nous n’excluons pas de la faire dans le futur. Pour le moment, nous ouvrons le bunker aux visites (pour une somme de 10 euros); un temps-fort au cours duquel les gens peuvent acheter nos produits sur place.
Cityramag : Quels sont les légumes que vous proposez à la vente ?
N.N : Nous nous focalisons actuellement sur les champignons (shiitakés, pleurotes), des plants de micropousses (moutarde, chou rouge, roquette, tournesol, petit pois, poireau, radis, brocoli, pois vert), mais aussi des endives blanches et rouges. Je tiens à préciser que tous nos invendus sont donnés aux Restos du Cœur.
Cityramag : Avez-vous bénéficié du soutien d’un incubateur ou d’aides étatiques ou européennes pour grandir ?
N.N : Nous avons en effet fait partie de l’incubateur Station F. Si dans un premier temps, cet appui a apporté une valeur ajoutée, il a stagné par la suite et nous avons décidé de voler de nos propres ailes (une surface de 15 000 mètres carrés est visée pour 2018). En ce qui concerne les aides, nous avons refusé de solliciter un coup de pousse de « Papa Etat ». Nous avons simplement fait des démarches auprès de Bruxelles comme tout entreprise agricole qui se lance.
Cityramag : Au niveau de votre recrutement, vers quels profils vous tournez-vous ?
N.N: Nous avons une politique RH assez pragmatique puisque nous voulons vraiment développer l’emploi agricole à faible valeur ajoutée en donnant une chance à des postulants motivés qui n’ont pas forcément un CV dédié très fourni. Parallèlement, ces derniers ne sont pas obligés de quitter la ville pour trouver une opportunité. Mais ce n’est pas tout, nous ne voulons être les seuls à occuper cet espace. C’est un véritable écosystème de start-ups que nous visons. De jeunes structures spécialisées dans l’agriculture sont les bienvenues pour intervenir dans des domaines qui ne nous concurrencent pas. C’est déjà le cas à Paris avec Aura focalisée sur l’aquaponie et Algopolis qui produit de la spiruline.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo