JO de Paris 2024 : la France a-t-elle abusé de la surveillance ?

JO de Paris 2024 : la France a-t-elle abusé de la surveillance ?

Pour garantir la sécurité des athlètes et des spectateurs lors des JO de Paris 2024, la France a mis en place un dispositif de sécurité strict, avec notamment la vidéosurveillance. Mais trois experts indépendants de l’ONU ont jugé, dans un communiqué publié mardi, ces mesures de sécurité complètement discriminatoires voire illégales.

La France est-elle allée trop loin dans la surveillance lors des Jeux olympiques de Paris 2024 ? Dans un communiqué diffusé le mardi 4 mars 2025 à Genève, trois experts indépendants de l’ONU ont jugé les mesures de sécurité prises lors de ces jeux complètement « disproportionnées » voire « illégales ». Ils demandent aux autorités de réaliser « un examen indépendant et impartial ».

Des zones rouges et de la vidéosurveillance pendant les JO de Paris

À l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, les autorités françaises ont mis en place plusieurs mesures pour garantir la sécurité des athlètes et des spectateurs venus de partout dans le monde. Il y a eu notamment des barrages filtrants, des zones rouges et surtout la vidéosurveillance algorithmique (VSA). Il s’agit d’un système de caméras dopées à l’intelligence artificielle. Ce dispositif a été rendu légal par la loi JO 2024. Il permet de passer au crible, et en direct, les moindres mouvements des personnes présentes sur les sites. La VSA a été uniquement expérimentée sur la période des jeux.

Lors des JO de Paris, des mesures de sécurité appliquées de manière indiscriminée

Alors que les ONG dénonçaient déjà des mesures de sécurité excessives, discriminatoires et dangereuses, les trois experts indépendants de l’ONU rajoutent une couche. Selon eux,  dans la plupart des cas, « ces mesures semblent avoir été appliquées de manière indiscriminée ou trop large, sans être nécessaires ou proportionnées pour répondre à des risques spécifiques, fondés sur des preuves, posés par des individus particuliers ». Ils pointent aussi du doigt des pratiques policières discriminatoires, ciblant des individus ou des groupes en raison de leurs opinions politiques, leur appartenance religieuse ou leur origine ethnique.

De la nécessité d’identifier et de remédier à tout abus des pouvoirs de sécurité

Les experts de l’ONU évoquent en outre « une surveillance sans précédent » à l’aide de drones et de vidéosurveillance faisant appel à l’intelligence artificielle. Par ailleurs, ils déplorent des pouvoirs légaux « trop imprécis et étendus » citant l’exemple de mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (MICAS). Face à ces excès, les responsables onusiens exhortent la France à mener un examen indépendant et impartial des mesures de sécurité prises pendant les JO. Ils appellent également à identifier et à remédier à tout abus des pouvoirs de sécurité, et à tirer des enseignements pour la France et d’autres pays sur la manière de sécuriser les futurs événements publics d’une telle envergure.

Un avertissement à un an de la Coupe du monde de football

Les experts de l’ONU pensent notamment aux prochains Jeux olympiques d’hiver en Italie et la Coupe du monde de football 2026 en Amérique du Nord (États-Unis, Canada et Mexique). Par ailleurs, ils invitent les instances sportives internationales, telles que le Comité international olympique (CIO) et la FIFA, à évaluer les risques de leurs événements en matière de droits humains et à collaborer avec les pays hôtes pour les atténuer.

L’expérimentation des JO de Paris pourrait devenir la norme

Bien avant les JO, les associations de défense des droits, comme Amnesty International, avaient dénoncé une surveillance non proportionnée et discriminatoire. Elles ont critiqué en particulier la VSA, qui permet une surveillance en temps réel des citoyens. Ce dispositif légalisé en France -le seul pays de l’UE à l’avoir fait à ce jour- soulève des enjeux nouveaux et préoccupants en matière de respect du droit à la vie privée et à la liberté d’expression. Les ONG craignent que l’expérimentation ne devienne une norme dans quelques années.

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