La start-up basée au Luxembourg et Metz, dont le marché français représente 98% de son activité, se focalise depuis 4 ans sur les emplois non cadres. Jobfirst a pour mission de supprimer le recours au CV classique, qui a peu évolué en 50 ans. Le but : simplifier et accélérer les processus de recrutement par une approche de qualification des compétences, comportements et prérequis. Mais aussi éviter les discriminations pour les personnes n’ayant pas de diplôme ou peu d’expérience. L’entreprise aide ainsi les recruteurs à trouver rapidement les bons candidats, grâce à une solution d’intelligence artificielle basée sur des scénarios personnalisés et/ou modulables, et une communication beaucoup plus fluide avec les postulants.
Maxime Belair, cofondateur de Jobfirst revient sur les tenants et les aboutissants d’un concept novateur dans le milieu hyper concurrentiel du recrutement.
Cityramag : Pouvez-vous revenir sur la genèse de l’aventure Jobfirst s’il vous plaît.
Maxime Belair : Le projet a démarré avec Philippe Valoggia, mon associé, qui a le rôle de CEO avec 25 ans d’expérience en RH. Ce dernier travaillait par exemple pour Suez avant de monter son cabinet de chasseurs de têtes. Pour ma part, je suis dans l’écosystème digital depuis 15 ans. On s’est rencontré il y a 4 ans et nous avons échangé sur son projet de simplifier l’accès à l’emploi. Pour lui, on était encore à l’époque de « la carte géographique papier » dans un secteur qui ne demandait qu’à se moderniser.
22 000 recrutements pour Amazon
On a donc opté pour une approche dans laquelle on supprime le recours au CV, en travaillant plutôt sur des outils de matching de compétences ouvrant les portes de l’emploi avec moins de barrières, puisque la création d’un CV reste un frein à l’entrée pour beaucoup de personnes. Nous sommes focalisés sur des métiers non cadres, qu’on peut appeler « cols bleus », ce qui ne veut pas dire que ces professions ne sont pas qualifiées. C’est une subtilité importante, car un maçon peut, bien entendu, être très qualifié. Notre solution permet également de mettre en avant des candidats qui ont des difficultés à se présenter. Ces personnes peuvent faire le job parfaitement et être super motivées, par contre la maîtrise de l’outil informatique, la mise en valeur de leur parcours ou de leurs compétences peuvent les desservir.
Fort de ce postulat, on a eu la chance de travailler rapidement avec Adecco pour Amazon pour lequel on a fait 22 000 recrutements et plus de 100 000 évaluations de profils dans la logistique et la préparation de commandes, notamment, sur tous leurs sites français. Sur cette campagne, il est important de noter que 30% des personnes recrutées ne l’auraient pas été sur la base d’un CV. Finalement, ce marché nous a permis de valider et de booster notre modèle.
Cityramag : Est-ce que la pandémie a joué en « votre faveur » étant donné que les recrutements « physiques » posaient forcément problème ?
M. B : En effet, la pandémie a été un accélérateur pour nous puisque Amazon a l’habitude de faire des entretiens d’embauches groupés. Forcément, au début du Covid, c’était devenu impossible. De plus, Amazon a logiquement bénéficié d’un pic d’activité avec le e-commerce. Ils devaient rapidement embaucher mais se trouvaient coincés par le contexte sanitaire. Ils ont donc opté pour notre solution. Cela a bien fonctionné en nous donnant beaucoup de datas, ce qui a valorisé notre outil. Depuis six mois, nous avons ouvert une deuxième version de notre solution au plus grand nombre (candidats/entreprises) qu’on commence à commercialiser.
Cityramag : Pouvez-vous développer désormais le concept :
M. B : Nous permettons au candidat de créer un profil professionnel, gratuitement et facilement, à partir d’un jeu de questions/réponses adaptées à chaque métier, lui permettant de valoriser ses compétences et sa personnalité. Le candidat peut ainsi accéder à une sélection personnalisée et automatisée d’offres d’emploi compatibles avec son profil et y postuler en un clic.
Ces derniers s
Autre point fondamental, les annonces sont automatiquement diffusées sur 30 sites de recrutement partenaires, sachant que toutes les candidatures sont centralisées dans notre interface Jobfirst. Ainsi, le candidat qui passe par une plateforme partenaire va répondre directement à quelques questions sans télécharger notre application (85% utilisent le mobile). On va vraiment le guider vers les informations qui sont pertinentes pour le recruteur. Par exemple, s’il répond à une offre de préparateur de commandes, on va lui poser des questions sur ses compétences dans ce job là.
Une liaison candidats-recruteurs beaucoup plus fluide
Pour les employeurs (qui créent une annonce en 3 minutes), Jobfirst optimise la sélection et le sourcing grâce au matching intelligent basé sur les hard skills (compétences techniques requises pour un poste, qui s’apprennent à l’école, s’acquièrent en formation ou au fur et à mesure des différentes expériences professionnelles) et les soft skills (qui intègrent le caractère, le comportement en collectivité, la flexibilité, l’esprit critique d’une personne et reposent sur l’intelligence relationnelle et émotionnelle) et enfin les prérequis. Nous offrons un outil de recrutement plus efficace, basé sur des scénarios personnalisés et/ou modulables, et une communication simplifiée avec les candidats. Toutefois, si notre algorithme leur propose les profils les plus compatibles avec leurs besoins, notre solution demeure un outil d’aide à la décision.
Cityramag : Vous travaillez aussi avec les écoles. Comment se présentent ces collaborations ?
M. B : C’est un produit qu’on a lancé il y a trois mois. On est toujours dans l’idée de faciliter l’accès à l’emploi. Nous aidons actuellement une dizaine d’écoles (120 autres en pourparlers) à mettre en relation les étudiants et les entreprises que ce soit pour des stages ou des alternances. L’école a la possibilité d’inscrire tous leurs élèves sur la plateforme et nous les accompagnons dans la création de leur profil candidat.
Par la suite, les entreprises partenaires de l’école vont pouvoir créer un compte Jobfirst gratuitement et pourront diffuser des annonces auxquelles auront accès l’ensemble des étudiants. Par ailleurs, les écoles ont l’obligation d’assurer le suivi professionnel de leurs élèves (certification Qualiopi). Notre plateforme leur permet un suivi beaucoup plus rapide que si elles devaient le faire avec la méthode classique longue et fastidieuse.
Cityramag : Qu’en est-il de votre modèle économique ?
M. B : Nous fonctionnons sur un format d’achat d’annonce à l’unité pour des besoins ponctuels (jusqu’à 5, avec un accès à toutes les fonctionnalités citées précédemment) ou alors sur la base d’un système d’abonnement annuel pour des besoins récurrents (les abonnements annuels permettent de diminuer le prix jusqu’à 15€ l’annonce), ce qui sous-entend un volume supérieur d’annonces publiées par mois et par utilisateur et un accès à davantage de fonctionnalités. Enfin, nous proposons un modèle de licence annuelle pour les écoles à 250€/mois.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo