Les jeunes pousses françaises ont parfois du mal à faire fructifier des tours de table indispensables pour voir plus haut sans passer par la case « capitaux étrangers ». Un état de fait que Frédéric Mazzella, président-fondateur de Blablacar, aimerait voir évoluer.
Alors que l’Hexagone souhaite franchir le cap des 25 licornes bleu blanc rouge d’ici 2025, c’est à dire des entreprises non cotées valorisées à plus d’un milliard de dollars (moins d’une dizaine actuellement), les initiatives de la French Tech se multiplient sur le territoire pour parvenir à décrocher « la lune ». Cela sera par exemple le cas demain lors du France Digitale Day qui se tiendra dans la capitale, plus précisément au Musée des Arts Forains.
Le patron de Blablacar, véritable moteur national en la matière, sera d’ailleurs l’une des personnalités les plus marquantes de ce temps-fort. L’occasion pour l’intéressé de revenir pour BFM sur cet épineux dossier, aussi prenant que complexe : « Ce que l’on attend, c’est que les entreprises françaises, quand elles ont levé 5, 10, 30 ou 50 millions, puissent lever ensuite 100, 200 millions ou plus avec ses capitaux d’origine. Aujourd’hui, lorsque des sociétés doivent faire ce que l’on appelle des « mega rounds’ (des grands tours de financement de plus de 100 millions d’euros), eh bien très souvent, elles vont le chercher à l’étranger parce qu’on n’a pas de fonds (ici) capables de faire des tickets aussi gros. Donc, si on arrive à débloquer de l’épargne longue et massive pour aller financer la croissance dans une phase assez avancée de nos sociétés qui le méritent, ça leur évitera, (au final), d’aller chercher les capitaux à l’étranger. Ce (type) de capitaux peut en effet être très intéressant en multiple. Cela fera en sorte que l’argent investi venant de France retourne en France », confirme F. Mazzella.
Avant de poursuivre : « On peut créer plein de petites sociétés de 5, 10 ou 30 personnes pendant des décennies. C’est pas cela qui va révolutionner ni le paysage technologique, ni le paysage de l’emploi. En fait, les sociétés qui créent vraiment beaucoup d’emplois aujourd’hui sont plutôt les scale-up. Pourquoi ? Parce qu’une scale-up, c’est une société qui a entre 50 et 250 personnes et qui, assez souvent, double d’effectif chaque année. En ce qui concerne les Etats-Unis, on a des statistiques qui montrent que plus d’un tiers des créations nettes d’emplois sont liées directement ou indirectement au digital. (Conclusion), ça veut dire qu’une bonne partie des emplois de demain sont liés au digital. Donc on a tout intérêt en tant que pays, à aller (dans cette direction) pour justement pouvoir créer les emplois de demain. »
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