Le Salon de l’Agriculture a été l’occasion de présenter nombre de projets permettant de rapprocher les agriculteurs-producteurs avec leurs consommateurs installés en ville. Un second souffle pour la filière ?
Avec d’un côté 80% des consommateurs finaux se trouvant en ville et de l’autre une filière qui a du mal à garder la tête hors de l’eau, trouver des solutions pour que les agriculteurs se rapprochent des foyers de consommation est devenu un enjeu de première importance. Et le Salon de l’Agriculture qui s’est déroulé dernièrement a permis de faire la lumière sur d’excellentes initiatives en la matière. Des initiatives dont la finalité est de permettre à des nombreux agriculteurs de taille intermédiaire de sortir de la crise et aux consommateurs de profiter de produits frais et de qualité.
C’est le sens de la démarche de la start-up Myfood qui a mis au point une serre de culture connectée de 22 m² dotée de panneaux solaires. A l’intérieur, un bassin de poissons au-dessus duquel poussent des plantes fertilisées par les déjections piscicoles. Un système qui permet de faire pousser jusqu’à 500 kg de légumes.
Potager virtuel et drive fermiers : le visage de l’agriculture urbaine
Mais pour ceux qui n’ont pas la place chez eux, ceux vivant en appartement notamment, un service est spécialement mis au point via le site monpotager.com. Les consommateurs choisissent en ligne les fruits et légumes qu’ils veulent faire pousser à distance et l’agriculteur installé dans l’Essonne prend le relais puis leur fait livrer la production une fois arrivée à son terme. Thierry Desforges, le patron de l’exploitation explique : «Le principe est simple: l’internaute qui veut consommer des fruits et légumes frais toute l’année va créer sur notre site internet son potager. Il choisit la surface de son potager et ce qui veut y cultiver». Une cinquantaine de producteurs alimentent ainsi notamment plus de 3 000 clients franciliens via le site.
Une autre initiative a été mise en valeur lors du Salon de l’Agriculture, celle des drive fermiers. Des paysans se sont associés pour mettre en place des distributeurs de fruits, de légumes et même de poulets fermiers en périphérie des grandes zones urbaines, comme dans l’Eure par exemple. Une initiative qui fait des petits puisque la France compte désormais près d’une cinquantaine de ces distributeurs d’un nouveau genre.
Aussi, des fermes verticales voient de plus en plus le jour, comme à Paris où des plants de fraises ont été installés sur le toit des Galeries Lafayette et une champignonnière a été créée dans un parking désaffecté. La Capitale a d’ailleurs lancé un vaste appel à projets portant sur plus de 30 sites de production urbains capables de faire pousser jusqu’à 30 tonnes de fruits et légumes.
Une tendance de fond qui est en train de s’installer dans les villes de France car comme l’explique Jean-Paul Hébrard, agronome : «80% des habitants de la planète habiteront en ville d’ici 2050, les agriculteurs doivent se rapprocher de ses bassins de consommation pour trouver des axes de croissance rentable. Soit en apportant directement leur production dans les villes, soit en profitant du potentiel des espaces vacants comme les parkings en sous sol, les toits des immeubles ou même les jardins publics pour planter des fruits et légumes à la place des végétaux et fruits d’ornement».
L’agriculture « urbaine »‘ tend ainsi à prendre une place croissante et s’imposer comme un nouveau modèle à travers lequel tout le monde y trouve son compte : les agriculteurs peuvent mettre en place un circuit court qui leur garantit des revenus plus élevés et les consommateurs ont l’opportunité de s’approvisionner en produits frais.
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