Lundi 30 juillet, les autorités de Côte d’Ivoire ont lancé les travaux du quatrième pont d’Abidjan. Cet ouvrage reliera deux quartiers très fréquentés de la capitale économique, régulièrement victime d’importants embouteillages en raison de l’explosion du nombre d’automobiles lié au développement économique rapide du pays.
Un quatrième pont pour faire respirer la métropole
Le nouvel édifice dont pourra se targuer la métropole ivoirienne mesurera 1,4 kilomètre et reliera le quartier des affaires du Plateau au quartier populaire de Yopougon, peuplé d’un million d’habitants. L’objectif est de désengorger le nord de la capitale économique de la Côte d’Ivoire, victime d’une congestion chronique. Les spécialistes prévoient qu’au moins 70 000 véhicules par jour emprunteront le nouveau pont, dont 6 à 10 % de poids lourds.
L’appel d’offres a été remporté par la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), qui devra avoir terminé l’ouvrage pour fin août 2020 — quelques semaines avant la fin du second mandat du président Alassane Ouattara. Le troisième pont enjambant la lagune d’Abidjan avait quant à lui été inauguré en 2014, lors du premier mandat de celui-ci.
Ce second pont à péage de la ville, d’un coût total de 216 millions d’euros (142 milliards de francs CFA), sera financé à hauteur de près de 160 millions d’euros par la Banque africaine de développement (BAD) sous la forme d’un prêt sur 30 ans, tandis que le montant restant sera avancé par l’État ivoirien.
Représentant ce dernier lors de la cérémonie de lancement des travaux, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a affirmé que ce nouveau projet vise à « l’amélioration des conditions de vie des habitants et des performances du tissu commercial et industriel » en favorisant « la compétitivité des entreprises ». En résumé, cet investissement d’avenir doit montrer que « la modernisation est en marche, sans oublier […] le social ».
Un symbole de la vitalité économique ivoirienne
Ce pont est un élément du vaste projet du gouvernement ivoirien visant à améliorer la circulation dans la ville la plus peuplée de ce pays de 24 millions d’habitants. Celui-ci comprend la création de 7,2 km d’autoroutes urbaines et de bretelles d’accès, ainsi d’un train urbain et d’un cinquième pont.
Ce projet s’inscrit dans la continuité des choix économiques réalisés par Alassane Outtara dès son premier mandat (investissements dans les infrastructures, adoption de mesures destinées à améliorer le climat des affaires et à attirer les investisseurs étrangers) et confirmés en 2016 par le Plan national de Développement, visant à faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent d’ici 2020 tout en divisant son taux de pauvreté par deux.
Abidjan est le porte-flambeau de ce programme d’émergence : sixième métropole africaine (et deuxième ville francophone du monde !) avec 4,7 millions d’habitants, elle concentre 60 % du PIB ivoirien. Celui-ci, estimé à 40 milliards de dollars, connaît une croissance telle depuis 2012 (près de 8 % l’an dernier) qu’elle classe la Côte d’Ivoire en pôle position d’Afrique de l’Ouest et dans le top 5 mondial des pays à plus forte croissance.
En plus de la croissance démographique (la population d’Abidjan augmente de 3 à 6 % chaque année depuis 20 ans), cette croissance économique se répercute naturellement sur le parc automobile ivoirien : celui-ci a en effet été multiplié par 4 depuis 2005. Une vitalité que symbolise le partenariat, officialisé le 5 juillet dernier, entre le constructeur automobile allemand MAN et la compagnie belge BIA Côte d’Ivoire en vue de la distribution de ses poids lourds et autobus dans toute la sous-région ouest-africaine
Plus que la vitrine d’une politique économique qui porte ses fruits, ce nouveau pont était donc devenu une nécessité en raison de l’effet combiné de l’accroissement démographique, de la forte croissance du parc automobile et de l’activité économique en pleine expansion de la Côte d’Ivoire.