Selon un rapport de Jobber, un fournisseur de logiciels de gestion, la génération Z aux Etats Unis est peu intéressée par les métiers manuels. Les jeunes Américains disent subir la stigmatisation associée à ce type travail et être sous la pression de leurs parents pour embrasser les carrières de col blanc.
Comme la plupart des pays occidentaux, les Etats Unis souffrent d’une pénurie de la main d’œuvre, notamment dans le bâtiment et les services à domicile (CVC, nettoyage résidentiel, plomberie, entretien des pelouses, aménagement paysager). Ce manque de travailleurs représente un risque pour la société et l’économie. Or, il pourrait s’accentuer dans les prochaines années.
Une enquête auprès de 1 000 étudiants américains âgés de 18 à 20 ans
Pour découvrir la racine de cette tendance alarmante, Jobber, le principal fournisseur de logiciels de gestion des opérations pour les entreprises de services à domicile, a mené une enquête auprès de 1 000 étudiants américains âgés de 18 à 20 ans basés. Cette étude intitulée “Blue-Collar Report : Gen Z and the Uncertain Future of the Trades” explore les points de vue de la génération Z sur l’enseignement supérieur, les carrières professionnelles, l’entrepreneuriat et la sécurité de l’emploi notamment.
Les parents n’apprécient pas beaucoup les métiers manuels
Selon le rapport, 74 % des jeunes interrogés indiquent qu’il existe une stigmatisation associée au fait de suivre une école professionnelle plutôt qu’une université traditionnelle de quatre ans. De là découle une certaine mauvaise opinion des métiers manuels. Aussi, près de 8 répondants sur 10 (79 %) déclarent que leurs parents leur mettent la pression pour qu’ils poursuivent des études supérieures après le lycée et fassent une carrière classique de col blanc. Ils sont même prêts à s’endetter lourdement pour financer les études universitaires de leurs enfants.
La génération Z informée trop tard des avantages de la formation professionnelle
La plupart des parents ne sont pas conscients des opportunités offertes par les métiers comme ouvriers, plombiers ou paysagistes. Par conséquent, ils ne parlent pas de l’école professionnelle à leurs progénitures. Certains déconseillent même ce cursus. D’après l’enquête de Jobber, 17 % des membres de la génération Z ont été informés des avantages de la formation professionnelle seulement après le lycée. Par ailleurs, plus d’un tiers (35 %) a déclaré que les émissions de télévision et les films de Hollywood ont influencé leurs choix de carrière.
Hollywood participe à la stigmatisation des métiers manuels
Près de la moitié des sondés (50%) affirment que la télé et le cinéma décrivent les cols bleus de manière négative. Dans les émissions et les films incompétents, ils seraient présentés comme des gens en mauvaise santé et/ou malheureux. Pendant ce temps, les carrières de col blanc sont valorisées. Jobber relève en outre que la majorité des répondants ne croient pas que les entreprises de travaux manuels peuvent générer plus d’un million de dollars de revenus par an.
Les pénuries de main-d’œuvre atteindront des niveaux critiques
Pourtant, 60 % des entreprises d’entretien des arbres et 65 % des sociétés d’aménagement paysager gagnent 1 million de dollars ou plus par an aux Etats Unis. Selon Sam Pillar, PDG et cofondateur de Jobber, « les pénuries de main-d’œuvre que nous constatons aujourd’hui atteindront des niveaux critiques » si les jeunes continuent à se détourner des écoles professionnelles. Cette désaffection pour les écoles professionnelles risque d’« entraîner un résultat potentiellement catastrophique pour les économies et les communautés locales », prévient-il.
Un résultat potentiellement catastrophique pour les économies
Jobber pense qu’il faut encourager et soutenir le fait d’aller dans une école professionnelle ou de créer une entreprise faisant du travail manuel. Le groupe recommande aussi d’éduquer « la société sur la grande valeur du travail commercial et les opportunités importantes qui existent dans ce domaine ». Il s’engage personnellement « à changer la perception du travail manuel et à inspirer la prochaine génération d’entrepreneurs. ». Jobber note toutefois que l’IA pousse de plus en plus de jeunes à envisager des carrières de cols bleus en raison de la menace que représente cette technologie sur les emplois.