Nichée au cœur d’une bourgade lyonnaise, à Saint-Romain-au-Mont-d’Or, la Demeure du Chaos, un musée d’art contemporain apocalyptique et engagé, provoque la polémique depuis des années auprès de citadins mécontents. La façade de cette résidence dérange en effet les habitants de ce village si paisible et réfractaire à un art un peu en marge.
Depuis plus d’une décennie, l’artiste Thierry Ehrmann se bat pour pouvoir défendre sa création. Ce musée à ciel ouvert semble sortir des entrailles de la terre. Malheureusement, la Demeure est au centre d’un marasme judiciaire qui commence à peser lourd pour le propriétaire. Et pour cause, plusieurs habitants du village se sont appuyés sur le fait que l’homme n’a pas de permis de construire pour exiger la destruction de l’édifice.
D’appel en pourvoi, l’affaire s’est poursuivie jusqu’en 2009, date à laquelle la Cour d’appel de Grenoble a finalement tranché, et ordonné à Ehrmann de remettre en état le site sous peine de sanctions financières. Mais le combat judiciaire n’a toujours pas trouvé d’épilogue concret. Car à l’heure actuelle, ce dernier est condamné à payer une amende quotidienne sous astreinte tant que l’œuvre ne répondra pas aux standards de riverains aux goûts plus classiques…
Une curiosité par excellence
Concrètement, le lieu rassemble les œuvres de dizaines d’artistes ayant contribué à rendre la Demeure si singulière avec cette image « madmaxienne » qu’elle dégage sous fond d’engagements politiques, scientifiques, artistiques ou philosophiques. Aucun détail n’est laissé au hasard, à l’image d’une « piscine » assez révélatrice de la mouvance, devenue une baignoire de sang dans laquelle des objets rouillés font trempette.
Toute vie est ainsi utopique et les couleurs sombres reflètent clairement la sensibilité du maître des lieux. Cet univers étouffant et inquiétant fait d’ailleurs la part belle à l’anarchie, voire au nihilisme. Exemple frappant, des carcasses de voitures de marque s’empilent les unes sur les autres, laissant apparaître des membres humains calcinés ; un véritable cimetière rouillé en somme… ou une ode au Purgatoire.
Sans surprise, Ehrmann dépeint le chaos actuel, et montre en quoi les esprits les plus brillants ont pu contribuer à nourrir un monde branlant. Vous contemplerez notamment un patchwork de portraits s’entremêlant sur les murs de la propriété (Gainsbourg, Ben Laden, Obama ou encore Einstein). Au final, chacun se fera sa propre interprétation, mais personne n’en sortira indifférent !
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