Créée en mai 2019, la jeune pousse rennaise soutenue par l’incubateur, 1Kubator, valorise les seniors sur le marché de l’emploi. Souvent mis de côté malgré une expérience indéniable, ces derniers ont pourtant encore leur mot à dire. Un postulat également vrai pour les personnes désireuses de poursuivre une activité après avoir pris leur retraite. Senext Job propose donc aux entreprises des renforts de choix pour une mission ponctuelle ou à temps partiel.
Stéphanie Maros, fondatrice de la structure, revient pour Cityramag sur les tenants et aboutissants du projet Senext :
Cityramag : Stéphanie, pouvez-vous revenir sur la genèse de l’aventure Senext s’il vous plaît :
Stéphanie Maros : Titulaire d’un diplôme d’école de commerce, j’ai travaillé pendant plusieurs années au sein de grands groupes dans les ressources humaines et le domaine de la transformation digitale. Puis, j’ai décidé de me lancer dans l’entrepreneuriat après avoir fait le tour de la question. Une rencontre lors d’un salon sur les seniors à Rennes avec un retraité qui accompagnait les demandeurs d’emploi a d’ailleurs été déterminante dans ma mutation professionnelle.
J’avais vraiment envie de changer le regard que l’on porte sur les seniors dans le monde du travail. J’ai donc créé une plateforme d’emploi en ligne (inscription gratuite) permettant aux plus de 50 ans et aux jeunes retraités désireux de conserver une activité professionnelle de s’engager ponctuellement auprès d’entreprises recherchant un candidat disponible immédiatement et capable d’apporter une forte valeur ajoutée.
« Plus expérimentés, plus adaptables, plus polyvalents »
Cityramag : Selon vous, les seniors restent une mine d’or sous-exploitée sur le marché de l’emploi ?
Stéphanie Maros : Il est clair que les plus de 50 ans et les retraités ne sont assez mis en avant. Concernant les retraités, qui représentent notre coeur de cible majeur, ces derniers répondent à un véritable savoir-être dans le processus de recrutement. En plus d’être opérationnels rapidement, de bénéficier d’une solide expérience et d’un réseau important, ces hommes et femmes souhaitent retourner occasionnellement dans le monde des actifs par plaisir, avec une envie de contribuer et pas forcément par nécessité. Une approche qui se ressent de facto dans la qualité de travail et leur investissement dans la mission qui leur est confiée.
« Beaucoup ignorent qu’il est possible de cumuler pension de retraite et auto-entrepreneuriat »
Cityramag : Le problème des charges est souvent mis en avant par les chefs d’entreprise pour justifier que les seniors ne sont pas une priorité. Ce regard peut-il changer ?
Stéphanie Maros : Nous portons justement un soin particulier à changer « ce regard ». Nous accompagnons les retraités souhaitant s’investir avec nous sur la problématique de l’auto-entrepreneuriat. Beaucoup ignorent en effet qu’il est possible de cumuler pension de retraite et ce statut fort intéressant leur permettant de travailler ponctuellement pour des entreprises près de chez eux, selon leurs envies. Tout en offrant la possibilité aux structures qui les emploient d’avoir plus de flexibilité. Mais aussi de ne pas payer de charges et de maîtriser leurs coûts. Concrètement, tout le monde y gagne.
De notre côté, nous organisons des ateliers en entreprise pour sensibiliser les personnes proches de la retraite au fait qu’il est justement possible de rester actif après cette étape clé. Nombre d’entre eux optent en effet pour le bénévolat… Mais oublient par la même occasion qu’ils peuvent encore faire fructifier pécuniairement leur savoir-faire. Ce changement culturel doit venir avant tout d’eux-mêmes. Ils doivent prendre connaissance de leur valeur et de leur rôle. Un rôle légitime qui peut être d’autant plus déterminant dans une entreprise jeune comme une start-up, par exemple. Ces dernières (dont 9 sur 10 mettent la clé sous la porte la première année) manquent malheureusement souvent d’accompagnement juridique, d’expérience et d’expertise pour pouvoir se pérenniser dans le temps.
« Devenir la référence nationale de la reprise d’activité des personnes à la retraite »
Cityramag : Combien de retraités continuent de travailler actuellement ?
Stéphanie Maros : Selon les données officielles, ce chiffre est évalué à 400 000, soit 6% des retraités. De leur côté, 26% des plus de 50 ans connaissent le chômage de longue durée. Ce marché a un potentiel de développement tout à fait intéressant.
Cityramag : Quant est-il de votre modèle économique ?
Stéphanie Maros : Nous prenons une commission de 14% en moyenne sur le montant total de la mission. Dès 2020, nous souhaitons devenir la référence nationale de la reprise d’activité des personnes à la retraite.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo