Strasbourg : la cabine téléphonique fait son retour

Alors qu’elle avait complètement disparu de nos vies depuis plus de vingt ans, la cabine téléphonique fait son retour dans la ville de Strasbourg. La coopérative Telecoop en a installé au Shadok, un tiers-lieu des cultures numériques. Avec cette initiative, elle veut repenser l’accès au numérique de façon commune et utile, alors que le smartphone est devenu une obsession.
Une des grandes inventions du XXe siècle, la cabine téléphonique occupait tous les coins de rue jusque dans les années 1990. Mais dès l’an 2000, elle a peu à peu été retirée du paysage pour complétement disparaitre avec l’avènement du téléphone portable. En 2023, il en restait seulement quatre sur le territoire français, contre 241 000 au pic de 1999. On en trouve encore à Murbach (Alsace) et à Grenoble (Auvergne-Rhône-Alpes).
La cabine téléphonique à Strasbourg piloté par Telecoop
A Strasbourg (Alsace), le retour de la cabine téléphonique est piloté par Telecoop, un opérateur télécom coopératif appartenant à ses sociétaires. La coopérative avait installé un prototype sur la presqu’île Malraux pour quelques jours, dans le cadre de la semaine européenne du numérique responsable qui a eu lieu du 17 au 22 juin. Après cette phase d’étude, Telecoop a installé une première cabine au Shadok, un tiers-lieu des cultures numériques.
Un cadran rotatif des années 1960 et une tablette classique
Dans cette cabine téléphonique on trouve un cadran rotatif des années 1960 et une tablette classique équipé d’un haut-parleur pour passer ses appels. Avec le téléphone, on peut non seulement appeler mais également envoyer des messages. La tablette, elle , permet la géolocalisation et la navigation sur internet, avec Wikipédia ou encore OpenStreetMap.
La cabine téléphonique veut réduire la fracture numérique
En deux mois, l’installation strasbourgeoise a enregistré 200 utilisations, sans aucun abus. Ces usages proviennent en majorité d’enfants de 11 à 14 ans, mais aussi de personnes en grande précarité. La cabine téléphonique se donne pour mission de réduire la fracture numérique. « Nous avons fait le constat qu’il y a aujourd’hui des gens qui souffrent de ne plus avoir des accès numériques communs et donc moins chers », explique Marion Graeffly, co-fondatrice en 2020 de Telecoop.
Des appels de dépannage et de nécessité absolue
Marion Graeffly précise que l’utilisation de la cabine téléphonique concernait pour la plupart des appels de dépannage et de nécessité absolue. Les personnes précaires, en particulier, passaient des appels afin de contacter le 115, tandis que les enfants prévenaient leurs parents de la fin d’une activité scolaire. Pour les parents c’est plutôt une belle solution face au smartphone de plus en plus pointé du doigt pour son accaparement du temps des adolescents.
Une façon de promouvoir un numérique plus sobre et moins présent dans nos vies
Selon Marion Graeffly, Telecoop étudie la possibilité de travailler avec des collèges et lycées pour répondre à de vrais besoins, dont celui de repousser au maximum l’âge d’utilisation du smartphone. Outre la réduction de la fracture sociale et l’éloignement du téléphone jusqu’à un âge tardif, le retour à la cabine téléphonique vise aussi à permettre aux citoyens d’accéder aux services de durabilité numérique. Pour Telecoop, c’est une façon de promouvoir un numérique plus sobre et moins présent dans nos vies.
La cabine téléphonique a un impact environnemental et sociétal positif pour les collectivités
Telecoop ambitionne de répandre ses cabines téléphoniques gratuites partout en France, où le besoin se fera sentir. La coopérative dit avoir reçu beaucoup de sollicitations. Sa prochaine étape c’est Lyon. Mais cette expansion nécessite de l’argent. Si les sociétaires fournissent des fonds, ce n’est pas suffisant pour une telle ambition. Il faut donc trouver des modèles de financement, notamment avec les collectivités territoriales. Ces dernières ont tout intérêt à soutenir Telecoop car son projet répond à un enjeu sur leur territoire, en visant un impact environnemental et sociétal positif.