La journée mondiale des toilettes a eu lieu le mardi 19 novembre. Elle donna l’occasion d’apprécier l’amélioration de l’accès aux sanitaires dans le monde, mais aussi de réfléchir à des défis nouveaux. Comme la valorisation de tout ce qui sort des latrines : eaux usées, urine, excréments. Cela peut contribuer à résoudre les crises climatique et énergétique actuelles.
Le mardi 19 novembre était la journée mondiale des toilettes. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et UN-Water, l’agence des Nations Unies en charge de l’eau, ont profité de l’occasion pour apprécier l’amélioration de l’accès aux sanitaires dans le monde. Elles ont aussi et surtout évalué l’immense travail qu’il reste à faire pour que tous les êtres humains aient un accès sûr aux latrines, essentielles pour la santé, le bien-être et la dignité de chacun.
L’accès aux sanitaires toujours problématique à travers le monde
En 2024, plus de 3 milliards d’individus ne disposent pas de toilettes privées sures. Ces personnes vivent majoritairement dans le Sud global, notamment en Inde et en Afrique Subsaharienne. Elles font leurs besoins en plein air, dans la nature, ou dans des latrines à fosse (trous creusés dans le sol). Ce qui représente un risque pour leur santé. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé les nations développées à soutenir la stratégie des Nations Unies en matière d’eau et d’assainissement afin de garantir à toutes ces personnes un accès sûr et sain aux sanitaires.
Les toilettes aussi polluantes que l’aviation
A l’heure des défis environnementaux et énergétiques, cette journée mondiale des toilettes fut aussi l’occasion de rappeler la nécessaire valorisation de tout ce qui sort des toilettes : eaux usées, urine, excréments, etc. Selon Daniel Ddiba, un ingénieur et chercheur ougandais basé en Suède, environ 1,3% des émissions de gaz à effet de serre mondiales proviennent des systèmes d’assainissement et de gestion des eaux usées. « C’est plus ou moins l’équivalent des émissions du secteur mondial de l’aviation », a souligné le chercheur, à l’occasion d’une visioconférence du Stockholm Environment Institute (SEI) ce mardi. Pourtant, s’étonne-t-il, on ne parle quasiment pas d’assainissement dans le discours sur le changement climatique.
Les toilettes émettent du méthane
Cette pollution ignorée du « petit coin » vient en partie des émissions de méthane issues des latrines à fosse. En Inde, par exemple, les émissions de méthane des sanitaires ont explosé ces vingt dernières années, triplant sur la période. En Afrique subsaharienne, ces émissions pourraient s’accroître de 60% d’ici 2030, selon l’Agence américaine pour le développement international. Les systèmes de fosses septiques vidées par camion – répandus dans les régions du monde non raccordées aux égouts – pose la même problématique car on se débarrasse des matières fécales au lieu de les traiter.
Les matières fécales humaines peuvent devenir du biogaz
Or, le méthane et le protoxyde d’azote, un autre gaz issu des déjections humaines, sont des dizaines de fois plus puissants que le CO2 dans l’atmosphère. D’où la nécessité d’exploiter convenablement les matières fécales, au lieu de s’en débarrasser simplement. En effet, il est possible de les transformer en biogaz, une source d’énergie importante. Selon un rapport des Nations Unies, les déjections humaines peuvent produire assez de biogaz pour alimenter en électricité 138 millions de foyers dans le monde.
Tout comme les eaux usées
On pourrait aussi sécher et carboniser des résidus d’excréments pour en faire une alternative à l’utilisation de charbon dans des chaudières. Pour ce qui concerne l’urine, il est possible de la séparer des matières fécales pour la transformer en nutriments ou engrais dans le secteur agricole. Quant aux eaux usées, les stations de traitement pourrait s’en servir pour produire également du biogaz alimentant des logements ou des bus urbains comme c’est le cas à Stockholm.