La start-up toulousaine fournit un outil puissant, intuitif et intelligent pour aider les entreprises à cibler les zones de chalandise les plus fiables et à mieux les appréhender. Via la technologie géomarketing, Smappen intègre toutes les bases de données publiques utiles pour réaliser des études d’implantation rapides, précises et exhaustives. Au sein de la zone de chalandise sélectionnée, la structure analyse automatiquement des dizaines d’indicateurs (nombre d’habitants, revenus, CSP, concurrence…) qui lui permettent ensuite de calculer et de tracer la zone de chalandise optimale du client sur une carte interactive.
Dan Faudemer, fondateur de la jeune pousse, revient sur les tenants et aboutissants de l’aventure Smappen.
Cityramag : Pouvez-vous revenir s’il vous plaît sur la genèse de votre projet.
Dan Faudemer : J’ai commencé à développer Smappen durant mon temps libre. L’aventure est partie d’une problématique de vie puisque ma copine vivait à Nancy et moi à Toulouse dans le cadre de nos études. On recherchait le moyen de se retrouver à mi-parcours. On a donc tracé ces zones géographiques, ces isochrones, et on s’est retrouvé à l’intersection de ces deux zones, c’est-à-dire à Grenoble. J’ai lancé le site Web fin 2016 et assez rapidement il y a eu un engouement sur le nombre d’utilisateurs qui présentaient des problématiques similaires.
Un réel besoin des entreprises en termes d’études optimisées de zones de chalandise
J’ai ensuite commencé à discuter avec des entreprises présentant des réseaux et des volumes de transactions d’envergure. Leurs besoins en termes d’études optimisées de zones de chalandise coulaient de source. Une entreprise parisienne qui souhaite ouvrir un magasin à Toulouse, par exemple, ne connaît pas forcément les caractéristiques locales clés du marché toulousain. Il y avait donc une véritable difficulté pour eux d’avoir accès à ces informations. Face à ce constat, je me suis consacré à plein temps sur le projet de créer l’entreprise Smappen en me réorientant sur les zones de chalandise et l’analyse d’implantation.
Cityramag : Le géomarketing est au cœur de votre projet, pouvez-vous nous en dire plus sur cette technologie ?
D. F : L’étude de marché est une étape indispensable en amont de la création d’une nouvelle entreprise. Elle permet à la fois de compléter le business plan pour financer le projet, déterminer les opportunités du marché et réduire les risques, mieux comprendre sa cible, mieux connaître la concurrence et si besoin, adapter la stratégie produit & marketing en fonction des caractéristiques du secteur géographique. Il s’agit ici de faire une analyse de la zone de chalandise (ou zone d’influence de l’implantation) : quelle est la population présente sur la zone et quelles sont ses caractéristiques (âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle, etc) ? Quelle est la part de votre cible présente sur la zone ? Qui est votre concurrence et où se situe-t-elle ?
Un outil très simple d’utilisation qui rend accessible le monde du géomarketing et de la géodata à toutes les entreprises ainsi qu’à leurs collaborateurs
En ce sens, les outils de géomarketing permettent facilement de gérer un réseau d’implantations qu’il s’agisse d’un réseau en intégré, en franchise, en commerce associé ou même de réseaux de partenaires ou de distribution. La cartographie permet de visualiser facilement et rapidement les zones et les implantations en permettant de les analyser à la fois sur la performance commerciale, sur les données sociodémographiques, la concurrence mais également de gérer des zones d’exclusivité.
Le géomarketing c’est aussi mener des campagnes de communication localisées géographiquement. Ces dernières sont ainsi mieux ciblées en prenant en compte les prospects à proximité du commerce ou service. Les outils de géomarketing permettent en outre d’attribuer des secteurs géographiques pour optimiser la logistique, telles que l’attribution des livraisons, des ventes en e-commerce ou l’optimisation de la tarification selon le temps de trajet ou le nombre de kms depuis un point de vente ou de stock.
Des clients qui prennent réellement en main leur stratégie de développement territorial
A la base, les personnes qui utilisent le géomarketing pour les grandes enseignes sont des experts très pointus. Smappen présente l’avantage de proposer un outil très simple d’utilisation et qui rend accessible le monde du géomarketing et de la géodata à toutes les entreprises ainsi qu’à leurs collaborateurs… Ce qui était loin d’être une réalité auparavant, puisque les entreprises s’appuyaient majoritairement sur des cabinets de conseil pour pouvoir faire leurs études de marché. En utilisant Smappen, nos clients prennent réellement en main leur stratégie de développement territorial.
Cityramag : Parlez-nous des fonctionnalités de Smappen.
D. F : Nous nous focalisons sur la création de zones d’implantation fiables pour nos clients en utilisant l’open data. Pour cela, nous utilisons un isochrone précis grâce à un algorithme prenant en compte les différents modes : à pieds, en vélo, en voiture, à camion ou en transport en commun. Notre plateforme analyse et recoupe automatiquement plus de 320 indicateurs INSEE (population, tranche d’âge, CSP, informations sur l’immobilier, etc.) et plus de 3 millions d’entreprises & services référencés via une base Siren. Nous restituons les résultats pour chacune des zones sous forme de graphiques.
Une restitution des données parfaitement claire et interprétable
Il s’agit d’un nombre de données extrêmement important à coupler; Une problématique dans laquelle nous faisons preuve d’un réel savoir-faire puisque nous les restituons de façon parfaitement claire et interprétable. Il est dès lors très simple pour nos clients de rechercher leurs concurrents, leur cible ou leurs partenaires avec les filtres de secteur (nom d’enseigne, nombre d’employés, etc.). Mais aussi d’exporter les résultats en un clic sous format Excel et de générer un rapport au format Word synthétisant les résultats de leurs recherches. Ce rapport est un état local de marché facile et rapide que les franchiseurs doivent fournir aux franchisés.
Cityramag : Vous travaillez plus avec des TPE, PME ou de grandes entreprises ?
D. F : Notre clientèle est variée. Nous avons des indépendants, des franchises de toute taille qui vont d’une dizaine d’implantations jusqu’à plusieurs centaines, comme Fnac ou Darty par exemple. Aujourd’hui, nous visons principalement des enseignes et des réseaux, des entreprises qui ont des stratégies de développement destinées à couvrir l’ensemble d’un territoire. Nous avons désormais 480 clients et présentons 1 million d’euros de revenus récurrents annuels. 70% de notre chiffre d’affaires est réalisé en France, 20% aux Etats-Unis et 10% dans le reste du monde. Néanmoins, nous nous focalisons principalement sur l’Hexagone pour le moment.
Passer de la restitution de données à l’interprétation
Cityramag : Qu’en est-il de votre modèle économique ?
D. F : Nous fonctionnons sur la base d’abonnements. Nos clients choisissent en ligne la solution qui leur correspond le mieux. On leur fournit un accompagnement et de l’onboarding. Néanmoins, nous ne réalisons pas de prestation personnalisée pour chaque client. Nous ne sommes pas une société de conseil. On fournit et on commercialise vraiment un logiciel. Il est important de noter que 10% de nos bénéfices annuels sont reversés à des associations spécialisées soit dans l’environnement, soit dans l’éducation.
Cityramag : Quelles sont vos perspectives de développement ?
D. F : Aujourd’hui, l’application restitue de la donnée. Mais on ressent qu’il y a un besoin d’aller plus loin et de franchir un cap vers de l’interprétation de la donnée, et de vraiment dire à nos clients : « Oui c’est là qu’il faut aller. » Nous souhaitons donc débuter une nouvelle étape d’intelligence d’algorithme sur les données que nous leur proposons pour pouvoir passer de la restitution à l’interprétation. C’est le gros enjeu de Smappen sur les mois et années à venir. On a aussi tout un volet international à optimiser avec nos clients présents aux USA et en Europe (trois gros marchés de la franchise que sont les UK, la France et l’Espagne sont prioritaires) où nous devons encore nous développer davantage.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo