Ho’Carré est une plateforme type marketplace qui favorise les circuits courts ainsi que les échanges de marchandises et de services entre professionnels (hôtellerie-restauration, commerces ainsi que tous les artisans gravitant autour de cet univers). La jeune pousse met en avant les producteurs et artisans locaux qui développent des produits de qualité, mais n’ayant pas nécessairement le temps ni les outils adéquats pour se faire connaître et commercialiser leurs produits au juste prix.
Yanis Taieb, son fondateur, revient pour Cityramag sur les tenants et aboutissants de cette belle aventure débutée en juin 2021.
Cityramag : Pouvez-vous revenir s’il vous plaît sur la genèse du projet Ho’Carré ?
Yanis Taieb : Ho’Carré découle de la frustration et de l’injustice que j’ai ressenties lorsque j’étais restaurateur en Corse du sud. Je constatais que plein de producteurs locaux étaient totalement abandonnés au profit d’un système de distribution très industriel et centralisé. Un système, qui même dans les régions très fournies, fait en sorte de les mettre de côté.
Face à cette réalité de terrain, j’ai souhaité valoriser les producteurs du territoire afin qu’ils ne subissent plus de plein fouet les difficultés sectorielles à s’approvisionner en direct. Il est en effet plus facile d’acheter des produits de « m…. » à l’autre bout du monde sur des sites internet américains ou chinois, que de se fournir chez des producteurs de nos régions, situés à proximité. Pourtant, au niveau des commerçants, la demande de la clientèle est très forte en produits locaux. Même dans les régions très touristiques.
En ce sens, notre plateforme numérique établit ce pont entre producteurs et commerçants via des valeurs communes et un engagement dans la valorisation des identités et savoir-faire territoriaux.
Actuellement, le numérique est encore peu employé dans le secteur, mais celui-ci offre de nombreux avantages : facilité de traitement des commandes, de la gestion comptable, de la facturation ou encore du paiement. Nous apportons ainsi une solution moderne et fonctionnelle mettant fin à une paperasse complexe et chronophage.
Cityramag : Le circuit court est donc une solution viable pour ces producteurs pris à la gorge par les grandes plateformes de distribution :
Y. T : Les producteurs restent la pierre angulaire de notre territoire. Malheureusement, ces derniers travaillent tous les jours sans compter, pour une rémunération dérisoire qui n’est absolument pas à la hauteur de leurs efforts… Pire, la pénibilité de leur quotidien vient se greffer à des tâches administratives bien trop chronophages. Résultat, le pays a perdu 20% de sa force agricole en moins de 10 ans.
Nous cherchons donc à valoriser les échanges en circuit court pour défendre un système de distribution plus juste. Nous mettons aussi l’accent sur une diminution de l’empreinte carbone avec une réduction drastique des intermédiaires. Le but est de générer une relation plus directe entre le producteur et le commerçant. Le producteur percevra une meilleure rémunération, tandis que le commerçant pourra facilement satisfaire sa clientèle.
Ho’Carré n’est pas une simple plateforme e-commerce. Celle-ci est beaucoup plus adaptée aux réalités du secteur. Elle permet de digitaliser l’offre des producteurs (catégories de produits, quantité, commandes..) qui peuvent ainsi se concentrer sur la production et se délester des volets administratif, commercial et financier. C’est une réalité, leurs stocks vont s’écouler très facilement, avec un prix de vente moyen supérieur à 35% par rapport à celui pratiqué sur le marché. Parallèlement, nous garantissons à nos commerçants une facilité de facturation.
Cityramag : Qu’en est-il de votre modèle économique ?
Y. T : En moins d’un an, avec un zéro budget de marketing, nous avons attiré 200 producteurs et 200 commerçants. Et cela, dans toutes les régions de France. Notre modèle économique se base sur des commissions sur transactions de l’ordre de 7,5%. Toutefois, nous développons de nouvelles fonctionnalités sur la plateforme afin de migrer, à terme, sur un système d’abonnements.
Cityramag : Quelles sont vos perspectives de développement ?
Y. T : Nous souhaitons partir très rapidement à l’international. On va attaquer le marché italien dès le mois de novembre. Cela nous permettra de tester notre modèle sur des systèmes de distribution étrangers.
Pour la petite anecdote, j’ai passé deux mois aux Etats-Unis, en Californie et dans l’Etat de New-York. J’ai pu constater que même outre-Atlantique le concept est porteur. Aujourd’hui personne n’apporte de réponse à ça.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo