Créée en 2014, Commeon a totalement revu les standards du mécénat participatif en réunissant sur une seule et même plateforme tous les domaines de l’intérêt général (patrimoine, culture, santé..), attestant dès lors d’un véritable engagement citoyen. Les donateurs ont ainsi la possibilité de consulter une multitude de projets et de s’inscrire dans une cause se rapprochant au plus près de leur sensibilité. Alexandre Monclin, COO de la jeune pousse, revient pour Cityramag sur cette aventure philanthropique haute en couleur.
Cityramag: Alexandre, pourriez-vous s’il vous plaît revenir sur la genèse du projet Commeon ?
Alexandre Monclin : A la base, la plateforme se nommait Culture Time. Nous avons néanmoins changé de nom en 2014 pour devenir Commeon avec cette volonté constante de soutenir l’engagement citoyen et d’accompagner l’ensemble des acteurs de l’intérêt général.
Le but étant, d’une part, d’apporter une réponse adaptée aux porteurs de projet par notre connaissance éclairée du domaine public. D’autre part, d’offrir une expérience concrète aux donateurs qui bénéficieront d’un suivi pointu des causes qui leur tiennent à coeur. Une valeur ajoutée que les réseaux de collecte classiques n’offrent pas forcément.
Par ailleurs, l’ensemble des projets que nous mettons en avant sont éligibles à la loi sur le mécénat (2003) qui permet aux particuliers de déduire de leurs impôts deux tiers du montant du don. Quant aux entreprises, ce taux est de 60 %.
Cityramag : justement, comment intervenez-vous auprès des porteurs de projet ?
A. M : Tout d’abord, nous prenons connaissance des envies du porteur qui n’a pas l’équipe structurée ni les connaissances du terrain pour mettre en oeuvre son projet. Toutefois, ce dernier doit tout de même attester d’une certaine crédibilité pour pouvoir être « éligible » – à l’image de réseaux sociaux déjà amorcés – car il est difficile de partir de zéro pour convaincre.
Si le projet est viable, nous lançons alors l’aventure et la supervisons de A à Z. Concrètement, une campagne de collecte dure deux mois avec un budget à atteindre fixé à l’avance. Nous gérons dès lors la communication – qui se doit d’être dense afin de stimuler l’intérêt populaire – ainsi que l’accompagnement des porteurs au quotidien. Nous nous occupons également de trouver les donateurs mais également des entreprises souhaitant s’inscrire dans ces projets.
Parallèlement, nous effectuons aussi des accompagnements à l’année auprès de structures plus importantes comme Handicap International, le Musée du Quai Branly ou encore le Ministère de la Culture. Dans cette configuration, la communication se construit davantage sur la durée et demeure en conséquence plus ponctuelle et diffuse.
« Faire vivre l’histoire sur la durée »
Cityramag : comment fonctionne votre site au niveau des donateurs ?
A. M : Nous attribuons au donateur un espace personnel dans lequel il retrouve tous ses dons, ses reçus fiscaux et sa cagnotte personnelle. Sachant que le montant minimum d’un don s’élève à dix euros. De notre côté, nous mettons tout en oeuvre pour façonner une réelle proximité entre le donateur et le projet. Il est vraiment nécessaire de raconter une histoire et de la faire vivre sur la durée. Le donateur bénéficie ainsi d’un suivi constant sur l’avancée des opérations. Et cela, même lorsque la cagnotte est atteinte puisque chaque projet est accompagné par un blog alimenté régulièrement. A l’inverse, le porteur connaîtra la profil des personnes prenant part à l’aventure.
Cityramag : quel est le profil moyen du donateur ?
A. M : Actuellement, en France, l’âge moyen du donateur est de 70 ans. Quant au don, il est en moyenne de 60 euros et de 121 euros à l’année. Notre politique est donc de rajeunir à terme cette population autour d’une fourchette allant de 45 à 55 ans. Bien entendu, les seniors sont toujours les bienvenus, cela va de soi.
« Nous fonctionnons en totale transparence »
Cityramag : qu’en est-il de votre modèle économique ?
A. M : Dans un processus classique, le coût de la collecte représente entre 25 et 35% des dons. De notre côté, nous ne prélevons que 8% du montant total dont une partie va à notre prestataire de paiement qui valide les dons. Nous fonctionnons donc en totale transparence. Il est d’ailleurs important de noter qu’à l’inverse de beaucoup d’autres plateformes, nous versons bien les fonds au porteur de projet si l’objectif de collecte n’est pas atteint.
Cityramag : quels sont vos projets d’avenir ?
A. M : Nous souhaitons parfaire notre stratégie avec les entreprises dont les aspirations tournent de plus plus vers une démarche RSE. Par exemple, de nombreuses structures procèdent à des collectes intra-entreprises afin d’associer leurs salariés à des quêtes philanthropiques. C’est le cas de Generali ou encore du cabinet de conseil Emargence qui nous ont choisis pour mener à bien leur projet. Mais ce n’est pas tout, puisque nous intervenons également auprès de collectivités locales afin de mettre en place des votes citoyens permettant aux habitants de choisir les projets qui les intéressent le plus.
Propos recueillis par Mathieu Portogallo